Avec Drive My Car, Ryusuke Hamaguchi nous offrait une œuvre authentique désarmante et méthodique. Le Mal N'Existe Pas en est tout l'opposé en termes de tonalité. Originellement conçu comme une expérience visuelle d'un concert, sur une trentaine de minutes, le projet a alors inspiré le réalisateur à prolonger les thématiques s'en dégageant en les articulant autour d'un récit. Si l'on retrouve cette propension à ancrer l'environnement autour des personnages, Le Mal N'Existe Pas se révèle alors plus onirique et métaphorique, porté par cette opposition entre la société moderne austère et une nature évocatrice. On devine aisément les rajouts au format initial, à travers cette relation entre un père et sa fille, dans un village pittoresque dépendant encore de son contexte naturel, et leur routine qui se voit menacée par l'implantation d'un projet touristique à proximité. Cette trame est lente puisqu'il faut bien attendre 40 min pour lancer le sujet de discorde, au milieu de longs plans méditatifs, parfois poétiques, d'autres ennuyants. Le montage est d'ailleurs abrupt dans cette jonction d'idées, et on ne décèle aucune esthétique particulière, notamment à cause des captations numériques plates sur les scènes parlées. Hamaguchi se contente donc d'un message symbolique sur la nature, sauvage et humaine, issu de sa propre sensibilité face à la beauté de ses premiers plans. Toutefois, le format court semblait ici plus approprié tant l'assemblage manque d'harmonie.