Commençant comme une comédie romantique et virant au suspense à la Hitchcock, Le masque arraché appartient au sous-genre hollywoodien du « mari qui veut tuer sa femme » dont les représentants les plus célèbres sont Soupçons (Hitchcock), Le château du dragon (Mankiewicz) et Le secret derrière la porte (Lang). Belle interprétation de Joan Crawford qui, bien qu’elle surjoue un peu comme à son habitude, parvient à exprimer en même temps une variété de sentiments contradictoires dans la superbe scène où elle découvre la vérité. Belles interprétations aussi de Jack Palance en salopard de première et de Gloria Grahame en garce sans aucun scrupule. La réalisation de David Miller, cinéaste peu connu, est plus qu’estimable, et le film fit l’objet du tout premier article rédigé par un jeune critique dans les Cahiers du cinéma en 1953 qui disait notamment : « Pas un plan dans ce film qui ne soit nécessaire à la progression dramatique, pas un plan non plus qui ne soit passionnant et ne nous donne à penser qu’il est le clou du film. » Il se nommait François Truffaut.