Le Monde de Narnia : Le Lion, la Sorcière blanche et l'Armoire magique par Ezhaac

Le scénario ne m'a pas emballé, bien que je suppose que sa simplicité fut volontaire, compte tenu du public enfantin visé par le film. On en devine la fin après la première demi-heure, et les deux heures qui suivent passent lentement. Le background est si esquissé qu'on ne sait pas trop où on évolue, et sans avoir lu les bouquins, c'est franchement fadasse.

Les personnages sont moins attachants que dans un Harry Potter (je les compare, puisqu'ils s'agit également d'enfants évoluant dans un monde magique *résume*, histoire qu'on impute pas ce jugement à mon hostilité naturelle à l'égard des personnages en bas âge) et ne me semblent pas très étoffés, malgré le temps imparti (le film dure environ 2h20). Le jeu approximatif des acteurs n'arrange rien (à moins qu'il s'agisse de leur texte ?).

Techniquement, c'est complètement à la ramasse, mais là encore, le public visé ne devrait pas s'en rendre compte. Je trouve les choix techniques très contestables (images de synthèse plutôt qu'animatronics pour les animaux à fourrure incrustés dans des décors réels, alors que la technologie n'est pas encore assez maitrisée) et le résultat bancal. Le rendu m'a évoqué un Jumanji en moins catastrophique. Pour ce qui était des animaux, par ailleurs, les choix de design de leurs visages anthropomorphes contribuaient à ce qu'ils s'incrustent imparfaitement en décor 'réel/naturel', face à des persos filmés.

Je me souviens avoir pensé, en sortant du Seigneur des Anneaux, que chaque arrêt sur image du film ferait un chouette fond d'écran, grâce au character design soigné, à la beauté des environnements et des objets et la qualité de la mise en scène.
Narnia, c'est l'antithèse de tout ça. Leur directeur photo devait avoir fumé pour massacrer à ce point l'esthétique du film qui réussit à pondre des images moche sur la plupart de ses plans. Quand ça ne se contente pas d'être fade, c'est ouvertement laid, avec des couleurs criardes, des armes et armures rutilentes auxquelles on ne croit pas deux minutes, des créatures banales ou (plus souvent) mal dessinées (mention spécial pour l'espèce de griffon moisi) et des personnage dont les tenues rivalisent de mauvais goût.

Outre l'aspect enfants-magie-conte-merveilleux qui me déplait à la base, et dont le paroxisme est touché à l'apparition du Père Noël (Pole Express n'est pas loin -_-), le côté grand-public de la production a des conséquences néfastes sur la mise en scène. Chaque scène de violence, ou image potentiellement sanglante est occultée par un effet de caméra, et cette auto-censure étouffe en grande partie le tumulte du combat final qu'on attendait brutal et intense, aboutissant finalement à une scène à peine moins plate que le reste.

Quelques points positifs le sortent quand même de la fange des insondables nanards : une grande bataille épique à la fin qui emprunte sans vergogne au Seigneur des Anneaux et aux cinématiques de Warcraft (et pas seulement pour les Tauren-minotaures), une Reine Blanche caricaturale mais assez charismatique (la bizarrerie de l'actrice sauve le perso de la médiocrité) et une bande son agréable.