J'ignore précisément quand mais un matin, ou peut-être une nuit, Disney s'est dit qu'il serait judicieux d'essayer d'envahir l'intégralité des écrits pour enfants rédigés sur terre pour en tirer des films familiaux dans son style si particulier. Tout a commencé par de charmants long-métrages d'animation réalisés par des artisans dévoués à leur art. Rendus somptueux par le travail acharné de centaines de dessinateurs ayant eu le courage d'animer tout ce bordel à la main; ce sont bien ces films Disney que l'on considère comme classiques. Décennie après décennie, la réserve de récits terriens susceptibles d'être travestis en spectacles pour enfants a commencé à diminuer. Ils ont fini par adapter du Victor Hugo pour les mioches; c'est dire.
Ce qui nous amène délicatement au cas du Great and Powerful Oz. Vous avez certainement vu les bande-annonces, mais autant récapituler. James Franco joue un prestidigitateur de troisième rang envoyé par une tornade dans le pays magique d'Oz afin de prouver que sous certaines conditions ses tours à douze balles peuvent sauver la situation. Au cours de l'intrigue épaisse comme du papier à rouler il rencontre de charmantes femmes qui se trouvent être des sorcières et - surprise, surprise - à la fin il gagne.

La machine Disney fonctionne très simplement : trouver livre tombé dans le domaine public, adapter livre, transformer livre juste assez pour pouvoir poser son copyright et enfin tirer du profit du truc qui en sort. Cette technique simple et efficace a garanti leur succès depuis la création du studio en 1923. On ne peut rien lui reprocher, si ce n'est d'avoir transformé des dizaines d'œuvres de qualité en pulpe aisée à digérer destinée à biaiser les goûts des bambins du monde entier. Ici, l'on transpose la même technique à un récit qui est non seulement tiré d'un livre tombé dans le domaine public; mais aussi la base de l'un des plus grands films de tous les temps. Wizard of Oz, de Victor Fleming, chez MGM. Vous savez, Judy Garland et ses chaussures rouges; tout ça. Oh, et pour avoir une chance que le mélange prenne ils ont confié leur petit antépisode du film de 1939 à un vrai fan de l'original. Un homme qui sait ce qu'il fait quand on lui donne un gros budget. Le dieu d'une portion de la communauté des cinéphiles autodidactes. Le mec qui s'enfonce un brin plus dans la médiocrité par chaque film réalisé après Spider-Man 2. J'ai nommé… Sam Raimi.

Porté depuis son plus jeune âge sur les tours de prestidigitation en tous genre, l'on pourrait penser que l'enfant chéri du Michigan aurait quelque chose à dire sur le sujet proposé. Sam aime la magie. Sam aime Le Magicien d'Oz. Entre ces deux sujets, il devrait naviguer avec aisance déroulant avec magnificence les tours appris lors de son enfance. Malheureusement, il n'est pas payé pour ça. Non, il est juste présent au générique car Disney n'a aucun réalisateur maison capable de faire quelque chose de cohérent avec un budget aussi conséquent. Comme Tim Burton et son Alice au Pays des Mères Vieilles; l'homme est là pour jouer les généraux. Point d'espace pour l'art dans le cinéma de nos jours. L'on se contente donc de tourner le scénario sans intérêt de la manière la plus professionnelle possible en tentant de s'amuser quelques secondes avec l'un ou l'autre effet stylistique. C'est assez sidérant de se dire que par moments, trop rares malheureusement, le film prend des airs Raimiens. Il porte cependant toutes les scories d'un film Made in Sam : acteurs mal dirigés, tendance à laisser les effets spéciaux faire le plus gros du travail narratif, une certaine tendance à traiter la femme comme un objet iconique plus que comme un réel personnage. Pas de pot, tout y est. Le génie en moins.
MaSQuEdePuSTA
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le 13 mars 2013

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