Après avoir relu pour la seconde fois le roman de Michael Crichton, j’ai décidé de revoir le film pour la je-ne-sais-combien-de-fois. A vrai dire mes souvenirs du roman n’étaient plus frais du tout et cette relecture m’a permis de reporter un regard plus objectif sur le film. Notons aussi qu’il s’agit de mon premier re-visionnage depuis la sortie de Jurassic World.
Jurassic Park et Le Monde Perdu sont deux films bien distincts qui appartiennent à la même franchise, Le Monde Perdu est cependant une excellente suite à Jurassic Park, la principale raison étant que le scénario n’a rien d’un banal réchauffé du premier. En effet nous avons ici encore une fois une très bonne mise en scène de la "science sans conscience". Le choc des époques est encore plus frappant et plus parlant. L’homme et son contrôle de la science qui bien que lui ayant échappé tente le tout pour le tout afin de se le réapproprier.
Il est clair qu’à l’instar du roman de Michael Crichton, Le Monde Perdu de Steven Spielberg, bien qu’il s’éloigne de la trame principale, sait mettre en avant les thématiques qui font le sel de l’univers imaginé par Crichton. On regrette seulement que le film cherche à aller un peu trop dans l’efficacité, armé cependant d’images numériques superbes et d’animatroniques bluffantes. Il est vrai que l’immersion fonctionne ici à travers un film aux nombreuses péripéties divertissantes.
La volonté des scénaristes et de Spielberg n’était pas d’inscrire le film dans une saga composée de divers arcs narratifs, contrairement à Jurassic World notamment, qui lui s’attache à étendre sa trame principale sur plusieurs long-métrages. Si Le Monde Perdu est en effet une suite direct à Jurassic Park comme en témoignent les grands pans de son scénario (la prise de pouvoir de Ludlow sur InGen suite à l’échec du Jurassic Park sur Isla Nublar, entre autre), on regrette qu’il n’introduise pas des éléments intéressants présents dans le roman et qui auraient pu par la suite changer la donne, notamment concernant le troisième film, Jurassic Park III.
On évoque donc pas la société Biosyn, concurrente directe d’InGen, que le premier film introduisait pourtant avec les personnages de Dodgson et surtout Nedry. Pas d’histoire d’espionnage et de vol industriel ici. C’est dommage car c’est ce qui rendait le roman palpitant. On évoque pas non plus le fameux virus DX.
Jurassic World malgré ses gros sabots tente de mettre en place certaines idées présentes dans les deux romans de Crichton. Peut-être que le prochain film de Juan Antonio Bayona nous fera la surprise d’aller dans une démarche plus proche de celle des romans ? Ce serait surprenant étant donné les premiers échos de scénario, mais il n’est pas interdit de rêver.
Côté casting Sam Neil et Laura Dern passent le flambeau à Jeff Goldblum, déjà présents dans le premier opus, l’acteur s’en sort très bien une nouvelle fois. Le personnage féminin est quant à lui donné à Julianne Moore, une actrice excellente, pleine d’énergie et drôle à souhait. On ne boudera pas non plus l’apparition de Richard Attenborough. Pete Postlethwaite incarne un personnage également très intéressant, les retournements qui le concerne ne manquent pas de justesse. Sans oublier Arliss Howard qui joue ici le grand méchant de l’histoire dans la peau de Peter Ludlow, le capitaliste cupide et véreux par excellence.
Bien qu’il s’inscrive parfaitement dans la continuité du premier film, on peut tout de même regretter de la part du Monde Perdu d’aller vers quelque chose de trop grand public au détriments d’arcs narratifs plus intéressants. Néanmoins le film fait très bien son œuvre dans son domaine et se savoure de la première à la dernière minute. La générosité de Spielberg règne ici en maîtresse.