The Beast from 20 000 Fathoms est l’un des rares films de Ray Harryhausen dans lequel les acteurs ne se montrent pas trop médiocres. Malgré tout, l’intérêt repose une fois encore essentiellement sur les effets spéciaux plus que sur l’histoire. Une romance parfaitement inutile a été intégrée au scénario. D’où vient ce besoin de nous fourrer des romances dans les films quand ça n’a aucun intérêt pour l’histoire !!!


The Beast from 20 000 Fathoms est centré sur une bête préhistorique surgie du pôle nord et semant la terreur. Pour justifier cela, le scénario utilise le concept de la cryogénisation. Il se montre en avance car c’est dans les années 1960 que suite à une publication de Robert Ettinger, le sujet deviendra à la mode. Il a été exploité depuis par d’autres films, par exemple, pour citer des films très différents les uns des autres : Hibernatus, The Avengers, Forever Young.


L’apparition de la créature dans le paysage enneigé est spectaculaire comme chacune de ses apparitions. La bête a été travaillée avec soin. Sa gueule est redoutable, dotée de dents magnifiques que nous pouvons admirer à l’occasion de plusieurs gros plans. Ses écailles brillent sous les reflets de la lune ou du soleil ou bien ruissellent d’eau lorsque la bête sort de l’eau.


On peut se demander pourquoi les films de monstres connaissent autant de succès ? Ils ont probablement un rôle cathartique. Les monstres font peur et attirent tout en même temps. Ils nous renvoient à une part de nous mêmes, à une part qui reste animale. L’inconscient collectif est habité par la peur du monstre qui peut se réveiller : celui qui gît à l’intérieur de soi-même et que l’on tente d’étouffer et celui qui peut se réveiller à l’extérieur et nous anéantir. La scène de panique new-yorkaise exprime cette peur collective. La bête à l’intérieur de soi, c’est le monde des pulsions, des angoisses, de l’obscurité, toute cette part inconnue de nous-même qui échappe à notre contrôle.
Derrière cette peur du monstre, il y a l’expérience préhistorique de la vie sauvage où l’homme, animal au milieu des autres animaux, était une proie pour des bêtes bien plus redoutables que lui. Il s’est protégé peu à peu grâce à son intelligence. Il s’est coupé de plus en plus de la nature et s’est construit l’environnement sécurisé des villes. Les villes sont le lieu de l’artificialité d’où la nature est bannie. Lorsque les films mettent en scène un monstre ravageant une ville, c’est cette sécurité recherchée par l’homme qui est menacée. L’homme expérimente alors qu’il n’est qu’un animal fragile…
En écrivant cela, je ne peux m’empêcher de penser aux tour du World Trade Center. The beast from 20000 Fathoms s’est montré prophétique. Le 11 septembre 2001, c’est bien un monstre qui a frappé New-York et d’autres points des USA. Ces attaques ont porté sur des lieux symboliques, des lieux de puissance, où l’homme se sentait en sécurité. Elles ont atteint les gens dans leur quotidien et semé la panique. Ce jour-là, "le monstre" s’est manifesté et nous a rappelé que les films de science-fictions ou fantastiques ne nous racontent pas des histoires irréelles, mais ils nous racontent le réel sous forme d’images et d’histoires.

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le 14 oct. 2021

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abscondita

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