Là où Umberto Eco était subtil et effrayant, Jean-Jacques Annaud est démonstratif et grand-guignolesque... Et c'est bien dommage car les acteurs sont excellents et les décors fantastiques. Avec une mention toute particulière pour la bibliothèque qui ressemble à ces gravures de prison de Piranèse. Annaud a peut-être su rendre une certaine atmosphère empreinte de fanatisme religieux et d'interdits moyen-âgeux mais il ne semble pas avoir compris le livre... Bon, j'ai lu le bouquin il y a déjà un bon moment et j'ai vu le film il y a presque aussi longtemps alors mes souvenirs ne sont pas très frais. Mais l'essentiel du roman est dans le Verbe. Le pouvoir du verbe, la force de l'argumentation et, donc, le danger que représente le Rire. Ce qui m'a impressionné, dans le livre, est la façon dont l'inquisiteur, Bernardo Gui, mène son interrogatoire : tout en douceur, machiavélique, il mène le pauvre homme à se condamner lui-même... Contrairement au film où, bourrin, il torture physiquement le moine !
De même, j'ai trouvé dommageable qu'Annaud fasse justice lui-même en condamnant Bernardo Gui et en délivrant la jeune paysanne. Le roman est bien plus cruel et réaliste : la femme sera brûlée dans l'indifférence générale et l'inquisiteur partira tranquillement vers d'autres cieux pour continuer son sinistre sacerdoce...
Je vous conseille vivement de lire le roman d'Eco... en faisant bien attention de ne pas humecter votre doigt pour tourner les pages !
Maggou
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le 24 juil. 2013

Modifiée

le 25 juil. 2013

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Maggou

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