Le Pistonné
6.2
Le Pistonné

Film de Claude Berri (1970)

Plein le dos des gamelles, melles, melles, des bidons, dons, dons

Au début de sa carrière de réalisateur, Claude Berri a signé plusieurs films autobiographiques dont le plus célèbre est "le vieil homme et l'enfant". Suivront "Mazel Tov" et "le cinéma de Papa". "Le pistonné" relate son service militaire dont il avait pensé qu'avec un bon piston, il pourrait effectuer sa période à une encablure de chez lui et poursuivre ses activités théâtrales.

Las, le piston était crevé. Faut-dire aussi qu'un piston fourni par un militaire de carrière est, en général, assez improbable en termes d'efficacité.

Le film est une chronique de ce service militaire qui, en 1955 durait deux ans avec "la chance" de pouvoir aller voir du pays (en Afrique du Nord). Pour Claude Langman (le vrai nom de Claude Berri), c'est un peu à reculons qu'il vit cette période qui lui fait enchainer les séjours au trou pour indiscipline principalement et qui lui vaudront une vingtaine de jours de rab…

On a droit à tous les poncifs du genre traités avec une certaine dérision toutefois : de l'instructeur sergent-chef (Georges Geret) d'un haut niveau de finesse au lieutenant (Jean-Pierre Marielle) dans un registre spécial, le canonier Langman essaie, en vain malgré ses ruses de sioux, de passer entre les gouttes.

Mais quand même, on peut noter certaines saillies intéressantes comme la scène où, désigné comme infirmier, il en profite pour déclarer inapte ses petits copains. Le fait intéressant n'est pas celui-là mais la réponse au rapport cinglant que lui colle l'aspirant furieux de voir sa section dépeuplée. Il écrit "qu'il soupçonne l'aspirant d'anti-sémitisme" mettant en émoi la gent militaire du régiment y compris l'aspirant. Cela lui vaudra en grande partie ses jours de rab mais aussi une fin de période un peu plus calme (au trou) : il n'y a pas d'antisémites dans l'armée française. Fermez le ban.

Dans ce genre de film où le scénario est plutôt linéaire et guidé par la routine militaire, tout repose sur le casting.

On a déjà parlé de Georges Geret en impayable instructeur (qui ne vaut toutefois pas le Sergent Hartman …) et de Jean-Pierre Marielle en lieutenant artiste et passionné par BB.

Il faut signaler le premier rôle au cinéma de Coluche où, égal à ce qu'il sera plus tard dans sa carrière, affiche un anti-militarisme "assumé" qui lui vaudra dès le départ du trou après, avoir laissé tomber par terre le flingue qu'on lui attribuait.

C'est Guy Bedos qui tient, efficacement, le rôle de Claude Langman (et non Claude Berri, lui-même, comme dans les autres films autobiographiques).

La famille est jouée par un Yves Robert et Rosy Varte dans des rôles doublement effondrés par l'aventure de leur fils unique et par ses exploits.

Maurice Hirsch dans le rôle d'un sergent est aussi excellent mais c'est de loin Claude Piéplu qui, une fois encore, crève l'écran en militaire de carrière au ministère qui assure et croit en son pouvoir (sur le ministre) pour pistonner le jeune Langman. Non seulement, il est un incapable (qui s'ignore) et un beau parleur (pour ne rien dire) mais, invité chez les Langman qui lui font l'honneur d'une traditionnelle cape farcie, demande qu'on lui fasse cuire un steak …

La musique est composée par Georges Moustaki qu'on n'aurait jamais imaginé en compositeur de musiques à tonalité militaire. Parions qu'il a dû bien s'amuser !

C'est un film que j'ai toujours bien aimé, car, entre deux anecdotes foireuses mais amusantes, il laisse glisser le vrai point de vue de Claude Berri (pas forcément politiquement correct).

Spoiler : Comme dans la dernière scène grinçante.


JeanG55
7
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le 21 sept. 2022

Modifiée

le 21 sept. 2022

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