Le pitch est plutôt alléchant ; le traitement beaucoup moins.


Petite parenthèse. Le film parle d'une contamination et met en scène un médecin qui est également mis en quarantaine et à qui il est demandé de côtoyer les malades pour tenter de les aider. Le bonhomme aurait pu se cacher dans son wagon et laisser les autres crever mais il a accepté de mettre sa vie en danger. C'est un comportement que l'on retrouve souvent dans la représentation du corps médical dans ce genre de crise. Un comportement que je ne pense pas être capable d'adopter. En effet, j'ai trop peur de la mort pour oser me sacrifier pour d'autres. J'ai trop envie de vivre, même si ça veut dire dans mon cas dessiner dans un coin, regarder des films et lire des BDs pour accepter de me mettre en danger, d'écourter ce bref moment d'existence. Il y a peut-être une vie après la mort, je n'en sais rien. J'envie ces gens qui ont la foi parce qu'au moins ils sont rassurés de ce côté-là. Cela ne les empêche pas d'avoir peur de la mort, mais cela amène un certain réconfort. Moi j'ai juste peur qu'il n'y ait rien que l'obscurité, une obscurité dont on n'est même pas conscient. Que le moment soit perdu. Au fond, chaque soir, c'est un peu comme si je mourrais étant donné qu'il ne se passe rien jusqu'à mon réveil le lendemain. Ces moments sont un tantinet inquiétant car ils annoncent la mort prochaine. La seule différence qui rend ces rendez-vous journaliers, c'est qu'on a la certitude de se réveiller au lendemain. Mais s'il n'y avait pas de réveil ? On ne le saurait même pas. Il m'est arrivé d'avoir des palpitations à force de penser à cela. Cela ne m'est plus arrivé depuis quelques années mais ce soir, après avoir vu ce film et alors que je contemplais le ciel étoilé, j'ai ressenti cette vieille peur revenir. Alors j'ai coupé court à mon observation et je suis rentré, la queue entre les jambes.


Revenons au film.


Le scénario présente une idée de base intéressante mais le traitement est bien trop faible : le côté spectaculaire ne vient qu'à la toute fin, les conflits sont rares, la tension ne monte que trop lentement. En attendant, les scénaristes font passer le temps avec de nombreux personnages qui ont tous des choses à dire. Problème, les relations ne sont pas assez conflictuelles. Le seul couple vraiment intéressant, c'est celui de la cougar avec ce jeune dealer. Y a aussi ce flic planqué. Et puis le colonel qui doit prendre des décisions horribles. Mais pour le reste, c'est mou. La fin rattrape un peu le coup même si ça part complètement en vrille avec les échanges de coups de feu (on reconnaît bien là le réalisateur de "Cobra" et "Rambo 2".


La mise en scène n'est pas géniale. On sent la volonté de faire quelque chose de bon, notamment avec cette intrusion au début, mais le découpage est un brin maladroit, on sent que le réalisateur n'est pas à la hauteur de ses ambitions. Pour le reste, le voyage dans le train se déroule bien, la caméra bouge bien les scènes sont calmes mais c'est assez dynamique pour ne pas s'ennuyer. Quelques maladresses dès que l'action surgit mais ça reste correct malgré tout. Côté acteurs on retiendra surtout Martin Sheen et Ava Gardner qui ont les rôles les plus intéressants, les plus ambigus aussi peut-être. Les autres font le minimum syndical pour qu'on y croit, disons un travail naturaliste plutôt qu'un travail de composition (comme le couple précédemment cité).


La fin est très surprenante : c'est très violent, voire gore (un type embroché quand même), inattendu puis qu'on suppose que les américains vont bien agir. En fait, le film égratigne complètement la première puissance mondiale. Les lieux sont bien choisis aussi, d'un point de vue historique, ça apporte un petit plus.


Bref, "The Cassandra Crossing" est un peu mou, aurait pu être poussé plus loin mais amène une bonne dose de plaisir bis sur la fin pour sauver un peu les pots.

Fatpooper
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le 24 août 2016

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