Une étude de moeurs réussie et prenante magnifiée par son trio d'acteurs.

Teddy Lussi-Modeste investit le milieu du show-business pour son second passage derrière la caméra après le remarqué « Jimmy Rivière ». Plus précisément la sphère des grands humoristes mais surtout de ceux qui sont partis de rien et qui arrivent très loin. Cependant, ce contexte ne semble guère l’intéresser, que ce soit la trajectoire ou l’arrivée. Même si cette toile de fond si particulière et si souvent caricaturée apparaît ici très bien documentée et en refléter la réalité, le metteur en scène se focalise sur tout autre chose. En effet, avec « Le Prix du succès » il nous invite à une étude de mœurs aux multiples facettes : sociale, psychologique, amoureuse et surtout familiale. Ces aspects étant la plupart du temps entremêlés pour ne faire qu’un dans une osmose cinématographique parfaitement maîtrisée. Car son long-métrage est réussi et on ne voit vraiment pas le temps passer. C’est réaliste, sans temps morts et emballé avec beaucoup de soin.

La réussite du film tient pour beaucoup dans son trio d’acteurs principaux. Si Tahar Rahim peut parfois sembler surestimé et que Maïwenn actrice a le don pour agacer, tous les deux sont en totale harmonie avec leurs personnages et l’alchimie qui a certainement du exister en dehors du tournage est tout à fait prégnante à l’écran. Le premier sait parfaitement retranscrire la dualité de Brahim, partagé entre l’amour qu’il porte à son grand frère et l’envie de couper le cordon avec lui quand la seconde apporte à son rôle de petite amie toutes les nuances nécessaires pour l’empêcher de n’être qu’un faire-valoir. Mais c’est encore Roschdy Zem qui impressionne le plus et prouve qu’il est l’un de nos plus grands acteurs français en activité. Il est un mentor assorti d’un grand frère imposant qui cannibalise la vie de son cadet entre frustration et autorité. Il réussit vraiment à nous impressionner, à nous faire peur et à se rendre imprévisible, cela en n’exagérant jamais le côté caïd.

On apprécie également la mise en scène soignée et vivante du cinéaste qui ne se contente pas d’illustrer son histoire mais de s’approcher au plus près des fêlures et des doutes de ses personnages. Si son propos n’est guère nouveau et peut parfois même sembler déjà-vu, il n’en demeure pas moins parfaitement traité. La guerre psychologique qui tiraille chacun des personnages autorise un suspense et une tension palpable à chaque instant. Les seconds rôles ne sont pas oubliés pour autant et les clichés sont soigneusement évités. On aurait juste aimé que tout cela s’inscrive dans un univers moins balisé et que le personnage de Roschdy Zem soit encore plus creusé et soit un premier rôle à l’égal de celui de Tahar Rahim. « Le Prix du succès » n’en demeure pas moins une proposition de cinéma aussi intéressante qu’il est un divertissement de qualité.