Sixième film de Paul Verhoeven, son dernier en Hollande pendant plus de vingt ans, Le Quatrième Homme lui permet de braquer sa caméra sur Gérard, un écrivain pour retranscrire ses peurs, cauchemars et hallucinations.


Belle promesse que ces thématiques associées au hollandais violent !


C'est en partie tenu, car c'est bien cela que l'on voit et ressent, des visions, une frontière floue entre le réel et l'imaginaire, des obsessions (la religion, le sexe, la mort, etc) de plus en plus omniprésente chez Gerard. C'est sa rencontre avec Christine qui va permettre à Verhoeven d'intensifier ses visions, les mêler à de la parano. Le cinéaste hollandais laisse régulièrement le doute et le mystère sur les protagonistes et notamment Christine, que l'on découvre à travers les yeux envoûtés de Gérard, choix parfait pour laisser planer un climat suspicieux.


Dès le générique où l'on suit une araignée avec une proie, Verhoeven instaure une ambiance bizarre et de plus en plus cauchemardesque, qui va peu à peu s'accentuer et s'intensifier avec un soupçon de mort planant sur le récit. Fidèle à lui-même et n'hésitant pas à filmer de manière crue et naturelle, voire morbide, il laisse toujours planer l'ambiguïté sur son récit, et ce à propos de presque tout (les personnages, le réel, etc).


Verhoeven place au final beaucoup de thématiques devant sa caméra, de la folie à l'amour en passant par la religion, qu'il aborde du point de vue du cauchemar, ne rendant que son exercice de style plus fascinant. On regrettera juste une fin peut être un peu trop rapide, comme s'il devait vite finir son film, sans prendre plus de temps. Enfin, rien empêchant non plus d'être absorbé par l'atmosphère du film et les tourments du personnage principal, très bien interprété par Jeroen Krabbé, un habitué de Verhoeven qui tient pour la première fois le rôle principal dans un de ses films.


Sans forcément être un Verhoeven majeur, Le Quatrième Homme n'en reste pas moins très intrigant, par son sujet certes, mais surtout l'atmosphère qui se dégage, entre folie, sexe, morbide et étrangeté, toujours avec une frontière floue entre réel et imaginaire.

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le 29 janv. 2015

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Docteur_Jivago

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