Le scénario, d’une grande intelligence, présente sans aucune forme de complaisance les destins croisés d’êtres directement ou indirectement minés par une guerre où nul n’est étranger, essayant tant bien que mal de survivre dans un monde où tous leurs repères se sont effondrés.
La rencontre de Sally et Luke, qui se tiennent d’abord compagnie pour combattre la solitude, se transforme en une véritable histoire d’amour. ce film est ainsi totalement habité par l’espoir, qui passe avant tout par la tolérance et l’acceptation de l’autre. D’ailleurs l’une des plus belles scènes d’amour physique jamais filmée, très osée même pour l’époque, expose la recherche d’un plaisir mutuel possible en dépit de la paralysie de Luke. Grâce à cette scène fabuleuse, d’une incroyable intensité émotionnelle et érotique, l’homme brisé à qui le Vietnam avait enlevé sa virilité la récupère par un autre biais, sublimé par la grâce de Jane Fonda et l’admirable composition de Jon Voight. ( Oscar à chacun )
C’est seulement grâce à la compassion envers son prochain et non la pitié que les hommes pourront de nouveau retrouver cette part d’humanité manquante. Al Ashby fait un film à la fois sobre et puissant, d’une grande élégance formelle, qui laisse à chacun le loisir de se retrouver dans les différents personnages.
Très beau film qui sublime l’incroyable capacité de résilience humaine, et qui, quarante ans après sa sortie en salle, reste pourtant plus que jamais d’une étonnante actualité.