Le Roi Lion
7.8
Le Roi Lion

Long-métrage d'animation de Roger Allers et Rob Minkoff (1994)

Quand le monde te persécute, tu te dois de persécuter le monde !

Quitte à ce que vous soyez prévenus, autant y aller à fond. Cette critique sera d’une subjectivité vertigineuse. J’aime ce film à un point que vous ne pouvez même pas imaginer, au point de ne pas en être lassée même après mon 210 000ème visionnage (au moins, vous pensez bien que je n’ai pas compté). Vous êtes bien évidemment autorisés à fuir dès que vous sentirez que c’est trop pour vous.

Si je devais évaluer mon degré d’amour pour ce grand classique des studios Disney, il serait aisément à 15 sur l’échelle de Richter (et c’est bien parce que je me retiens sinon, il y aurait facilement une brochette de zéros derrière cette note). Pas spécialement du genre à entasser les produits dérivés des univers qui me plaisent, je suis pourtant incapable de me contrôler dès qu’il s’agit du Roi Lion. Ma dernière acquisition en date : une tirelire remplie de chocolats – sûrement dégueulasses mais dont je n’ai pas le moindre souvenir – qui trônait bien en évidence aux abords d’une caisse de supermarché. Sincèrement, qui se sert encore d’une tirelire de nos jours ? Personne. Et pourtant, j’en ai une sur mon bureau et j’en suis très très fière. Je vous épargnerai cependant de la liste de tous mes autres biens rattachés à la licence, ce serait excessivement long et inintéressant. Passons plutôt à la critique du film en elle-même.

Et, si je devais décomposer l’œuvre pour essayer de vous expliquer, de la façon la plus rationnelle qui soit (on ne rigole pas dans le fond de la salle), pourquoi je l’aime autant, on pourrait commencer par le dessin. Dès les premières secondes du film, j’ai été transportée en Afrique, au pied du Kilimandjaro, au milieu des gazelles, des éléphants, des suricates et des fourmis découpeuses de feuille. Dès les premières secondes, j’ai eu envie de savoir dessiner exactement dans ce style (je ne sais toujours pas le faire ceci-dit). Dès les premières secondes, j’ai été émerveillée par ces couleurs, ces détails, cette lumière, cette chaleur. Dès les premières secondes, j’ai cessé de respirer, peut-être de peur de déranger cette cérémonie de présentation du premier né de la famille royale.

Ensuite, il y a la musique. Cette musique qui vous fait tour à tour frissonner, swinguer, hurler votre soif de pouvoir, sourire béatement pour finir par vous prendre aux tripes. Cette musique qui m’a fait courir les magasins divers et variés pour obtenir le Graal ultime : la chanson de Scar. Parce que oui, figurez-vous que sur les trois CDs que j’ai de la franchise, un seul possède cette fameuse ode enfiévrée à la folie des grandeurs. Et ce n’est pas le Disque d’or, qui regorge pourtant de pépites avec des titres que l’on n’entend dans aucun des trois opus (mais sur lequel il n’y a pas non plus la version française de « L’amour brille sous les étoiles »). Non, il s’agit de la B.O. contenue dans le coffret DVD sorti le jour de ma fête (cette année-là, mes parents n’ont pas eu à trop se creuser la cafetière pour savoir quoi m’acheter). B.O. dans laquelle il est possible de retrouver toutes les pistes instrumentales du premier film. Et qui, pour mon malheur cependant, présente aussi la chanson de Zazu qui n’aurait jamais dû s’échapper de sa place d’origine : les bas-fonds de l’enfer (d’ailleurs, que ce soit clair, cette scène n’existe pas !). Et pour ceux qui douteraient encore de la beauté des musiques, écoutez « Lea Halalela » et, si vous n’éprouvez pas le moindre frisson à l’écouter, c’est que vous n’avez pas mis le son sur votre pc. Ceci étant dit, j’aimerais préciser tout de suite qu’Elton John n’a rien à voir avec mon appréciation des musiques (comme je peux couramment le lire et l’entendre à droite et à gauche). Ces chansons sont celles que j’aime le moins de toute la B.O. Point. Pas de raison particulière, c’est physique.

Les personnages ensuite. Mufasa, roi incontesté (et incontestable) de la terre des lions, tout en puissance, en beauté et en force, dont l’aura est encore sublimé par sa voix française : celle de Jean Reno. Simba, adorable boule de poils, têtu, téméraire et naïf qui devient ce jeune lion pas aussi bien dans ses coussinets qu’il en a l’air et qui comprend tardivement qu’il s’est fait manipuler par son oncle. Et justement, parlons-en de son oncle : Scar. Le magnifique Scar ! Le ténébreux, machiavélique et squelettique frère de Mufasa. Un lion tout en noirceur, doté d’une grâce féline indiscutable, au museau taillé à la serpe et aux iris d’un vert envoûtant. Un être cruel, d’une mégalomanie sans borne et qui n’a aucune compassion pour qui que ce soit. Le seul être qui a de l’importance à ses yeux, c’est lui-même. Ce méchant est le meilleur méchant jamais créé par la maison Disney : cette voix mielleuse, ce rire psychotique, cet égoïsme à l’état pur et cette animation magistrale qui le rend monstrueusement charismatique (oui, j’ai élevé un autel à la gloire d’Andreas Deja dans ma cave). Viennent ensuite des personnages plus secondaires mais qui sont tout aussi hauts en couleur : Timon & Pumbaa en premier lieu (je vous interdis de regarder le film 3 qui leur est consacré, il détruirait toute once de sympathie pour eux), Zazu, Rafiki et puis les hyènes : Shenzi, Banzaï et Ed (ce rire, mes amis ! Ed Cummings, dont l’éclat est conservé dans toutes les versions du film, m’arrache systématiquement un fou rire).

Je connais les controverses autour de ce film, notamment la plus importante : Le Roi Lion ne serait qu’une pâle copie du Roi Leo. N’ayant jamais vu ce dernier, je ne peux pas juger sur pièce. Néanmoins, j’ai presque envie de dire : où est le problème ? C’est pourtant la marque de fabrique de Disney d’adapter des histoires déjà existantes. La petite sirène, Blanche-Neige et les sept nains, Peter Pan et même Raiponce sont des œuvres dont les studios ne sont pas les auteurs originaux. Même Oliver et cie est inspiré d’Oliver Twist. Vous allez me dire : Andersen, Grimm et Perrault ne sont plus là pour râler. C’est vrai. Et je n’ai pas spécialement d’arguments à vous opposer à part que, savoir ça ne m’a jamais empêché de savourer toute la magie de cette œuvre.

Je l’ai revu au cinéma dernièrement (pas en 3D car j’abhorre cette technique destinée à nous faire cracher encore plus de sous) et, figurez-vous que je me suis retrouvée en larmes dès le lever de ce soleil flamboyant, prise aux tripes par ce brutal retour en enfance. Dans une salle pleine à craquer de fans de la première heure (il devait y avoir 2 enfants à tout casser), j’ai vécu un moment inoubliable où tout le monde égraine les dialogues plus vite que les acteurs originaux. J’avais une banane incroyable, alors qu’en temps normal, j’ai horreur qu’on parle pendant les films que j’aime. Je me suis moi-même prise au jeu (- « Shenzi, tu connais un bon resto ? » - « Non, pourquoi ? » - « La bouffe est en train de se carapateeeer !!! »). Et puis comme ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de revoir les classiques de notre jeunesse sur grand écran, j’y suis retournée une deuxième fois. Un kiffe, à n’en pas douter ! Et comme cette critique est déjà suffisamment longue, je vais m'arrêter là.

Vous l’avez sûrement déjà deviné : c’est un 10.

Créée

le 25 mars 2014

Critique lue 423 fois

NicodemusLily

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