Marrant, eux, ils ont le droit.

Une forêt enchantée a jadis été le théâtre d’une guerre terrible opposant la féerie aux humains. Son accès est depuis interdit aux hommes, mais la fille du guerrier qui avait provoqué cet affrontement cherche à y retourner. En effet, cette forêt magique renferme une source de jouvence. Pour cela, la vilaine envoie Lucas, un musicien du village. Dans les bois, le jeune homme rencontre Naya, une tendre et innocente fée qui est également la gardienne de la forêt. Entre le devoir, les interdits et l’amour, que choisiront les jeunes gens ?

Oleg Malamuzh est un réalisateur d’animation ukrainien et Le royaume de Naya est son troisième film. Il adapte ici une pièce de théâtre ukrainienne du début du XXème siècle à la mode Disney.

Le scénario est extrêmement simple. Les héros sont très gentils, très naïfs et ne voient que le bien (on les appellerait nigauds, en français). La méchante est vénale, manipulatrice, et vraiment très méchante. Le reste des personnages (humains comme esprits) est un peu couillon, mais pas méchant. Même les gros bras de la méchante sont des balourds pas vraiment mauvais ; il n’y a guère que Frol, son bouffon (Serviteur ? Valet ?), qui est complètement crétin. L’histoire suit la trame habituelle des jeunes gens qui bravent un interdit pour s’émanciper, se cassent la figure et en sortent grandis. Ils finissent évidemment ensemble et la méchante est punie (de manière originale, c’est d’ailleurs bien trouvé).

Les images sont très agréables, en particulier l’esthétique de la forêt. Des visages et des animaux se cachent dans les moindres rochers, les esprits sont des végétaux plus ou moins rigolos (mention spéciale à Motus qui est un truc à fourrure couronné de feutre). Les tatouages lumineux de Naya sont de toute beauté et le style général colle bien à un conte.

Enfin, la musique est un peu naïve, mais correspond à ce genre d’œuvre qui suit les standards de Disney.

Vraiment ? Ah, non, ici, le wokisme n’a plus cours. En effet, le casting est exclusivement caucasien, la culture ukrainienne est intacte et la méchante est une femme. Mais surtout, le film se moque frontalement de l’homosexualité de Frol, le bouffon de la méchante. Le personnage est d’ailleurs français (il faut l’écouter en VO). Outre ses comportements de folle, il soûle les gens avec son magasin de dentelles pour homme et se fait picorer les fesses… par un coq. Cet humour potache qui faisait rire dans La cage aux folles est censuré depuis des années en Occident. Oui, mais c’est une œuvre ukrainienne, alors apparemment ils ont une dérogation…

Le royaume de Naya est un joli conte pour enfants (la fin est impressionnante, mais pas bien effrayante) avec de belles images, une histoire simple, et surtout un pied de nez au wokisme. Outre ses qualités premières, cette œuvre mérite d’être vue rien que pour illustrer toute la schizophrénie de notre société. Mignon et instructif.