Le Chant du Cygne avant sa décapitation
Dario Argento a longtemps cherché à surprendre et à innover dans les codes du giallo qu'il a à moitié inventé.
Les années 90 ont été riches en originalité mais peu concluantes : introduction de sa fille Asia (si on ne compte pas Démons 2 et Sanctuaire), première utilisation en Italie des CGI (Le syndrome de Stendhal), adaptation la plus WTF? du Fantôme de l'Opéra...
C'est pourquoi son film le plus original de cette époque est en fait celui-ci, car il est ultra classique et surtout qu'il ne déçoit pas tant que ça. En effet, ce film est une espèce de collage Tarantinesque ultra référentiel malgré son intrigue de giallo. On y retrouve des références a à peu près tous ses gialli précédents lors de chaque scène.
L'autre fait marquant, c'est le personnage d'Ulysse Moretti (Max Von Sydow, toujours impeccable) qui est comme d'autres personnages d'autres films d'Argento une espèce de projection du réalisateur : ici un spécialiste des affaires criminelles aux méthodes anachroniques, considéré comme dépassé et avec quelques problèmes au niveau du cerveau mais qui réussit à rester dans le coup. Et cela en devient touchant.
Le casting est bon, la musique de Goblin est grandiose, les scènes de suspense et de meurtres réussissent à être spectaculaires (voir le titre de cette critique) sans dégénérer dans le grand guignol. Juste les scènes de transition sont longues (le film durant quand même 1h50), la romance convenue et le nombre de suspects trop restreints.
Et c'est seulement après qu'on réalise qu'Argento s'est lancé fait ensuite dans une intrigue abracadantesque à base d'Internet puis une surenchère dans les CGI horrifiques (dans les 2 sens du terme). Quelque fois il vaut mieux finir en beauté (en tout cas le plus possible) et après décrocher.