Un charme frustrant

Je ne croyais pas avoir gardé un très grand souvenir de ce film, pourtant en le revoyant aujourd'hui, je m'aperçois qu’il m’avait marqué plus que ce que j'avais cru. Le Secret de Térabithia raconte une histoire simple, l’amitié entre deux enfants qui fuient la réalité dans un monde imaginaire.

Le contexte me plait beaucoup, j’adore l’idée. Je trouve l’histoire très poétique et j’aime l’ambiance globale de l’œuvre. Les personnages sont aussi très attachants, malgré une vision un peu trop adulte et sérieuse de leurs personnalités.

Le film ne manque pas de défauts qui, malheureusement, parasitent parfois le plaisir de le visionner. Pour commencer, il y a comme un voile morne sur toute l’histoire, une espèce d’ambiance dramatique un peu too-much. Aussi, l’histoire ne va pas au bout des choses, et on reste sur notre faim après le dénouement. Il y a également un sérieux problème de rythme avec un schéma narratif un peu bancal.

Autres problèmes, qui a mon avis est à l’origine du mauvais accueil du public, l’affiche du film qui laisse entendre qu’il s’agit d’une aventure fantastique, avec toute la panoplie des créatures folkloriques bien représentées, et un entête « par les créateurs du Monde de Narnia » qui nous donne même un point de comparaison. Sauf qu’il s’agit davantage d’un drame que d’une épopée à la Narnia, et bien sûr, si l’on s’imagine l’inverse on ne peut être que déçu. Aussi, on se rendra compte en parcourant ce film que l’aspect fantastique n’est pas du tout le plus important (contrairement à ce que nous promet l’affiche, là encore), d’ailleurs il faudra être très patient avant de découvrir une créature imaginaire, car l’intrigue et surtout la crise se font vraiment attendre (un peu trop d'ailleurs).

Mais ce n’est pas tout, la musique n’est pas des plus aboutie, les décors se contentent d’une forêt (un peu léger pour combler 1h30 de voyage imaginaire). Les effets spéciaux sont parfois ratés, même s’il y a tout de même quelques bonnes surprises. La fin est très décevante, à vrai dire, on a l’impression qu'elle aurait pu être le début, car la véritable aventure semble commencer là, mais à ce moment le public est remercié par le générique qui se déroule. C’est vraiment très frustrant. Le film ne va pas au bout des choses. Il se retient dans son élan, et c’est gonflant, il faut le dire. Même si je comprends l'intention, rien n'empêche la frustration.

Je n’ai pas aimé la prestation d’AnnaSophia Robb, j’ai l’impression qu’elle n’en met pas une au milieu. Elle est mauvaise, et pas crédible, surtout lorsqu’elle sourit. Josh Hutcherson brille littéralement à côté d’elle, malgré un air trop mélancolique qui peut devenir lassant. Robert Patrick... rien à faire, je ne vois en lui qui le T-1000 de Terminator, et il me fout les j’tons même dans ses autres rôles.

Une fois que tout cela est dit, je dois ajouter une précision : ce film est tout de même un bon film. Lorsqu’on le replace dans son contexte et qu'on l'apréhende correctement, on ne peut que reconnaitre ses qualités narratives, sa poésie et même son audace.

L'oeuvre a juste était desservi par sa campagne de publicité (un peu mensongère). Imaginez tous ces enfants se ruant dans les salles de cinéma (après avoir vu l'affiche ou la bande-annonce pleine de promesses) pour découvrir ce qu’il croyait être une sorte de Narnia ou un nouvel Harry Potter, et qui ont dû se taper ce drame teinté d'une fantasy légère et superficielle… quelle grosse désillusion. Tout comme eux, je n’ai pas aimé le film quand je l’ai découvert plus jeune, mais maintenant que je suis adulte, je le comprends mieux, et je lui trouve même un certain charme.