avr 2011:


Si je m'attendais à pareille déconfiture! Des critiques globalement élogieuses, une Palme d'or, d'autres récompenses, une image de grand film qui perdure... il y avait peu de chances que le film me déplût.


Hé bien, si! Je ne saurais dire si je me suis ennuyé... pffff, est-ce de l'ennui? Pas vraiment. J'ai attendu la lumière en fait. Elle n'est jamais venue. Parfois je croyais comprendre où le film m'emmenait et soudain un virage démentait le sens que j'avais cru percevoir. Je n'ai pas compris ce que ce film voulait dire, quel intérêt il y avait à suivre cet enfant, ce personnage dans le maelström de l'histoire allemande entre les deux guerres, ce que voulait dire le grotesque de certaines scènes, si le film était chargé de symbolisme ou s'il cherchait à marier conte et réalisme.


Qu'est-ce que c'est que ce film? Pourquoi ces longueurs? Pourquoi ces scènes? Pourquoi se passe-t-il ceci ou cela? Je ne comprends rien. A l'heure où j'écris ces lignes, j'ai encore le film en mémoire et je n'ai toujours pas compris l'intérêt de ce film. Dieu que je suis con!


Alors d'accord, on va prendre l'évolution d'un personnage très particulier et des membres de sa famille pour raconter le fourvoiement de l'Allemagne dans le nazisme. Et après? Que signifie le tambour là dedans? Et la mort de la mère? Et de l'oncle et du père? Alouette!
La mère : sa frustration sexuelle? Elle s'en accommodait jusque là. Et qu'est-ce que ça a voir avec le nazisme? Elle même quémandait la radio pour écouter le Führer. Le nazisme produit de la frustration zigounettatoire? C'est quoi cette histoire de vraie / fausse paternité qui se répète de génération en génération? Ça veut dire quoi par rapport au nazisme? Et le dégoût puis la boulimie de poisson? La tête de cheval, les anguilles? Et pourquoi veut-il rester petit? Et pourquoi veut-il soudain grandir à 21 ans? Et pourquoi le personnage d'Aznavour? Il est Israël à lui tout seul? Et pourquoi la scène grand-guignolesque du rassemblement hitlérien qui finit en grand bal guinguette? Et pourquoi ces nains stars de l'armée allemande sur le front occidental?


Je ne comprend pas. Je ne comprends rien.


Alors bien sûr que je devine que le refus de grandir est à l'image de refus de grandir de l'Allemagne. Je peux avancer l'échec de Weimar. Des hypothèses sur la mère également, l'espèce de torture mentale et affective dans laquelle elle se trouve, entre deux hommes, un polonais et un nazi, l'amour et la sécurité, l'amant et le mari, le mensonge et la vérité, etc qui finit par la rendre folle. L'oncle-père aussi perd les pédales. L'Allemagne nazie rend fou. Mais c'est tellement... lourd comme dispositif, tellement gras, gros, large.


Oh mon dieu que de palabres, de courbettes et de circonvolutions pour dire des choses si simples! Je ne goûte guère le parti pris du grotesque et du symbolisme chargé.


Le regard d'enfant qui n'en est pas un mais qui n'est pas adulte non plus commence par m'exaspérer, puis finit par me laisser complètement indifférent. Le jeu de Bennent est d'ailleurs d'une platitude gravissime. Ses sourires sonnent faux. On ne sait jamais ce qu'il ressent ou pense véritablement. Ses expressions sont très pauvres, figées, une poupée sans réelle émotion, un regard bleu plastique ou tout blanc ou des cris. Rien d'autre. Vide. Tous les personnages sont humains, ressemblent du moins à des êtres humains, souffrent, rient, pleurent, s'aiment. Lui ne me parait pas outre-mesure touché par la mort de sa mère, de son oncle, de son père alors qu'il les tue tous un à un. Pourquoi? Le complexe auto-destructeur de l'Allemagne nazie? Tout ça sur un petit être? A lui tout seul tout ça? Camone! En fait, ce film me fait figure d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Lourdingue, maladroit.


C'est fou, on trouve toujours quelque chose à quoi se raccrocher quand on n'aime pas un film : un acteur, une ou deux scènes, la musique, la photographie, les cadrages, quelque chose quoi! Là... rien, peau de zob! La musique de Jarre? Bof (pas bande originale... mais bouaaaoofff). La photo? A part deux ou trois plans aériens de Dantzig, l'énorme travail sur les décors pour reconstituer la ville, la photographie ne m'a pas fait dresser les poils, loin de là et pourtant j'ai vu le film sur blu-ray, dans les meilleures conditions. Non, pas un seul bout de bois auquel se raccrocher.


Je me suis noyé.


http://alligatographe.blogspot.fr/2011/05/die-blechtrommel.html

Alligator
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le 18 avr. 2013

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