Prévu à l'origine pour Jean Gabin (qui mourra peu de temps avant le tournage), ce film raconte comment un homme est accusé involontairement de pédophilie, sur des suppositions grotesques, alors que son ami, un local, est justement celui qui a attouché, et tué, une petite fille.

Dans mes précédentes critiques, j'ai suffisamment craché sur les films de Mocky pour dire que celui-là est enfin correctement réalisé ! C'est une coproduction franco-italienne, donc le budget a du être plus important, mais cela permet des mouvements de caméra plus amples, et surtout deux acteurs absolument formidables d’ambiguïté.
Il s'agit de Philippe Noiret et Alberto Sordi, dont leur amitié très complice a parfois quelque chose de louche, car on sent qu'ils aiment le contact.
Le film traite d'un sujet assez grave, qui est la pédophilie, menant cette fois-ci à la mort d'une petite fille. Quelque part, et la date de sortie nous le rappelant, ça renvoie à cette vague de meurtres d'enfants ayant frappé la France dans la seconde moitié des années 70, dont la triste affaire Ranucci.

D'une certaine façon, je dirais que Mocky réussit sur ce sujet-là là où il se plantera totalement trente ans plus tard avec Les ballets écarlates ; c'est moins grossier dans le traitement, et si les habitués de Mocky sont encore là (Dominique Zardi ou Henri Attal), l'humour est beaucoup moins présent, pour une certaine forme de gravité.
Vu de mon regard de cinéphile de 2014, le film serait certainement impossible à tourner aujourd'hui, car, pour ses peintures de jeunes filles (une dizaine d'années, guère plus), le personnage d'Alberto Sordi leur demande de poser avec un sein apparent, dans un style inspiré de David Hamilton. D'ailleurs, une des filles, un peu plus âgée, n'hésitera pas à se dépoitrailler devant un Sordi halluciné car elle croit qu'il ne la choisit pas comme modèle à cause de ses plus gros seins !

Souvent cité comme une des réussites de Mocky, le film a d'ailleurs eu droit à deux fins, celle dite française et l'autre italienne. C'est sans forcer le trait que le réalisateur a accompli ce film qui repose sur la culpabilité et l'envie de dénoncer l'étranger pour ne pas nuire aux habitants locaux.
Boubakar
7
Écrit par

Créée

le 1 mars 2014

Critique lue 1.7K fois

5 j'aime

1 commentaire

Boubakar

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

5
1

D'autres avis sur Le Témoin

Le Témoin
Heurt
7

Toi petite tu es de la dynamite

Si le film fonctionne c'est en partie grâce à son duo d'acteurs. Il faut dire que Sordi et Noiret savent jouer et ça change de la plupart des productions de Mocky. On retrouve des acteurs amateurs...

le 2 avr. 2020

11 j'aime

Le Témoin
Val_Cancun
7

Folies bourgeoises

Un très bon polar psychologique signé Jean-Pierre Mocky, qui propose un film deux crans au-dessus de sa production habituelle : la technique est propre, le propos pertinent, la satire sociale...

le 7 nov. 2020

10 j'aime

6

Le Témoin
Boubakar
7

Pédophile là-bas !

Prévu à l'origine pour Jean Gabin (qui mourra peu de temps avant le tournage), ce film raconte comment un homme est accusé involontairement de pédophilie, sur des suppositions grotesques, alors que...

le 1 mars 2014

5 j'aime

1

Du même critique

Total recall
Boubakar
7

Arnold Strong.

Longtemps attendues, les mémoires de Arnold Schwarzenegger laissent au bout du compte un sentiment mitigé. Sa vie nous est narrée, de son enfance dans un village modeste en Autriche, en passant par...

le 11 nov. 2012

44 j'aime

3

Massacre à la tronçonneuse
Boubakar
3

On tronçonne tout...

(Près de) cinquante ans après les évènements du premier Massacre à la tronçonneuse, des jeunes influenceurs reviennent dans la petite ville du Texas qui est désormais considérée comme fantôme afin de...

le 18 févr. 2022

42 j'aime

Dragon Ball Z : Battle of Gods
Boubakar
3

God save Goku.

Ce nouveau film est situé après la victoire contre Majin Buu, et peu avant la naissance de Pan (la précision a son importance), et met en scène le dieu de la destruction, Bils (proche de bière, en...

le 15 sept. 2013

42 j'aime

9