Derrière l’écran fumé de la poussivité se cache un petit film de l’entre-deux, et d’abord celui de l’exploitation à l’italienne, car Les aventures du cobra d’or n’ont rien à voir avec aucun cobra d’or, vu que le vrai titre en français est Le temple du dieu soleil et que le titre original est I sopravvissuti della città morta, sachant qu’il s’agissait de capitaliser sur le succès des Aventuriers du cobra d’or alias I cacciatori del cobra d’oro. Mais la dimension italienne, même quand elle ne dépasse pas la limite dite de Hill-Spencer, n’est presque jamais une qualité, vu qu’elle est ordinairement faite de machins déjà datés à leur sortie, avec photographie délavée et musique criarde, sans parler du truc de casting qui consiste à engager un anglicisant pour donner un cachet hollywoodien à une troupe hautement locale. Ici, ça revient à débaucher un David Warbeck déjà vu dans les Cacciatori, mais sous un autre nom donc pour un autre rôle, de surexposer les décors naturels, et d’adjoindre au héros un faux John Rhys-Davies pour souligner le lien avec le Grand Aventurier.

Car ce film de l’entre-deux est aussi celui d’une double transition, à savoir entre James Bond et Indiana Jones, et entre Raiders of the lost ark et Indiana Jones and the temple of doom, qui partage avec lui son année de sortie et même son mois. Car on a clairement créé un personnage principal à la Roger Moore, au point de lui octroyer un cocktail signature et de lui faire dire « m’auriez-vous confondu avec l’acteur Roger Moore ? », et on a pris deux ou trois petites choses aux Aventuriers, comme le coup des mygales et celui de la boule géante, pour annoncer le Temple Maudit avec la lave sous le temple et le plafond qui s’affaisse, voire La Dernière Croisade avec la menace des rats et les « démons de Gilgamesh ». Le reste est du pot-pourri de circonstance, notamment l’arrière-plan mystico-religieux qui fait que les adorateurs d’un héros sumérien se mettent à prier Amon-Rê dans un paysage évoquant une croix gammée, et de l’action plus à la Margheriti qu’à l’italienne, avec des cascades à la maquette qui contribuent à faire du résultat ni un pur nanar ni un vrai navet.

Pour public averti (et qui n’a pas l’intention de s’arrêter ni à la cité d’or de Richard Chamberlain ni au temple d’or de Chuck Norris) : I sopravvissuti della città morta d’Antonio Margheriti (le cerveau derrière Il mondo di Yor), avec donc David Warbeck (plus proche dans son jeu de Frederick Stafford que de Harrison Ford), et Aldo Tamborelli à la musique (coupable d’un générique digne d’une séance d’aérobic en collants fluorescents)

Avis publié pour la première fois sur AstéroFulgure

Adelme
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le 24 août 2022

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