Bizarrement, j'éprouve une certaine fascination pour le milieu bourgeois / aristocratique tel qu'il est dépeint dans les films car celui ci se révèle tellement hors du temps, hors du monde, peuplé de personnages faux, de considérations douteuses, de cachoteries, de commérages à dix-mille lieux de la réalité du monde qui l'entoure que ça en devient passionnant. C'est donc également le cas avec ce Temps de l'innocence, que Scorsese filme comme toujours avec une certaine maestria, mettant en scène les tourments sentimentaux d'un homme, tiraillé entre une femme visiblement encrée dans un monde fait de conventions et d'apparences et une autre soit disant libérée et peu commune au sein de cette nouvelle société américaine.
Il en résulte un film profondément psychologique, dont le personnage principal incarné par un Daniel Day Lewis impeccable se retrouve dans la pure tradition du personnage scorsesien, tiraillé entre deux mondes, celui auquel il appartient et un idéal bien souvent inaccessible.
La direction artistique est somptueuse, la musique très belle et la photographie magnifique, tout est disposé avec la plus grande minutie de sorte que le spectateur semble flotter au sein de ce monde étrange, à la manière du personnage d'Archer, ne pouvant jamais effectuer le moindre choix, guidé par son instinct et par la manière dont l'aristocratie américaine le façonne.
C'est un film qui se révèle finalement assez frustrant mais, de mon point de vue, original concernant le sujet traité. Finalement, les romances ne sont pour la plupart que suggérées, le tout s'établie en grande partie dans l'esprit du protagoniste, qui, comme beaucoup de personnages de cet acabit, choisit de vivre une vie mensongère mais tranquille plutôt qu'une passion dangereuse mais véritable.
Ce n'est donc pas un film vers lequel je serai allé naturellement mais, encore une fois, le savoir-faire scorsesien a su me captiver.
A voir !