"Mon dieu j'adore ce jeu!"

Le Tournoi (2015), de Élodie Namer, et avant tout un film de personnage. En particulier, celui de Cal Fournier, âgé de 22 ans et champion de France d'échecs. L'intrigue s'efface au profit du dilemme que connaît le jeune joueur. Perdu entre son adolescence et ses responsabilités de champions, entre un gamin de 11 ans et son mentor. Néanmoins, la thématique du tournoi d'échecs tiens un rôle tout aussi important puisqu'elle clarifie les enjeux internes du personnage. Dans un monde complexe ou les relations entre les personnages sont constamment entre deux positions. Un monde dans lequel ses amis, fervent amateurs d'alcools et de paris en tout genre sont aussi des champions en devenir sous la protection du même mentor. Ce même monde ou sa petite amie, elle même joueuse d'échecs, souhaite taper dans l’œil de ce même mentor. Et pour finir, un monde ou le mentor en question est aussi intéressé par l'avenir d'un enfant prodige qui menace de prendre sa place. La dilemme peut finalement se résumer par :
Jouer la sûreté inculquée par son maître, ou jouer comme il le souhaite et s'amuser comme ce prodige inconnu.

L'enjeu principal du film est de ce fait le choix judicieux du huit-clos. Le film se déroule dans l'hôtel qui accueil le tournoi d'échecs de Budapest. De jour comme de nuit, les participants restent à l’hôtel, et personne n’a le besoin d'en sortir. D'une manière symbolique, cet hôtel est le monde des échecs comme le connaît Cal depuis toujours. Celui ci exerce donc une étreinte très forte sur le jeune homme. C'est donc cette étreinte qui, finalement, place Cal dans une position ambiguë. Il devra alors jouer avec, pour s'en délivrer ou non, au profit d'images et de plans très beaux qui sont une des forces de l’œuvre.

En dernier lieu, la psychologie du personnage principal peut mener à débattre. Comme souligner dans certaines critiques, Cal est presque insensible du début à la fin du film. Ce qui peut être gênant tant il est au centre du film. Selon moi, cette froideur vis à vis de la caméra est le propos même du développement : C'est l'histoire d'un jeune homme qui se renferme sur lui même. Il ne se dévoile pas à ses amis, et ne le fera pas aux spectateurs. Une fois de plus, cela donne des plans avec des symboliques intéressantes et de très belles images.

Pour finir, au delà de toute analyse de l’œuvre, Le Tournoi est un film à voir ne serait ce que pour la découverte du deuxième sport national français qui saura, je l’espère, animer mes prochaines soirées !