Un classique du film de guerre qui vire au pur cinéma d'action avec un Burt Lancaster en résistant taiseux mais coriace, quinqua en pleine forme qui va jusqu'au bout de lui-même pour sauver des griffes nazies des joyaux du patrimoine artistique français. L'histoire, inspirée d'un épisode authentique de la fin de l'Occupation, est assez linéaire, comme le parcours du convoi chargé de tableaux censé rejoindre l'Allemagne, alors que les Alliés sont sur le point de libérer Paris. Remarquablement cadré dans un impeccable noir et blanc qui renforce son côté réaliste, le film a été entièrement tourné en France en décors naturels. Aujourd'hui, le principal intérêt de cette aventure ferroviaire explosive (au sens propre du terme) réside dans les effets spéciaux, 100% réels, dont une séquence de bombardement dantesque. Elle a nécessité deux tonnes d'explosifs, quelques milliers de litres de liquide inflammable pour faire péter une quarantaine de camions, deux locomotives, quatre ou cinq bâtiments et un kilomètre et demi de rails, sans parler de quelques rames de wagons plus des canons et autres véhicules militaires, comme nous l'apprennent Patrick Brion et Georges Di Lallo dans leur sympathique ouvrage Le train fait son cinéma. Une superproduction comme on n'en fait plus, avec en filigrane une réflexion sur la valeur de l'art: un tableau de Renoir ou de Picasso mérite-t-il le sacrifice de vies humaines? Frankenheimer pose la question, même s'il n'y répond pas, préoccupé avant tout par l'aspect spectaculaire d'un film qui file à toute vapeur sur les rails du divertissement haut de gamme.