Si Sherlock Holmes prend bien le train, cette aventure nous mène en bateau !
Que ce soit son titre français ou son titre original, Le Train de la mort ou Terror by Night, rien ne laisse présager l'objet hétéroclite devant lequel le spectateur va se trouver.
Car ce n'est ni de la terreur ni l'effroi du morbide que le film fait éprouver: on ne tremble pas de peur, on est secoué de rire. A croire que Sherlock Holmes a choisi un wagon différent de celui de train-train habituel.


Le Train de la mort n'est pas un mauvais film, encore moins un nanar, de ces films qui excellent dans le rire quand ils se proposaient d'émouvoir autrement. Non, il s'agit d'un curieux changement d'aiguillage vers une sorte d'auto-parodie.


Pour cet avant-dernier métrage de la saga Rathbone, plusieurs intrigues célèbres sont convoquées, qui tissent le récit d'un voyage ferroviaire où une passagère fortunée et son fils convoient un diamant sans pareil répondant au nom de L'Etoile de Rhodésie. Le crime se prépare, la chose est sûre, puisque Sherlock Holmes, Watson et Lestrade sont dans le train, prêt à fondre sur un éventuel voleur.


Un voleur qui parvient néanmoins à voler la pierre précieuse aux nez de ses gardiens, cela en assassinant son porteur.
On enquête, interroge l'ensemble des passagers avant de découvrir un cercueil à double fond ayant servi à dissimuler un passager clandestin, une passagère payée pour le faire monter avec elle et l'implication de Sébastien Moran, le bras droit et hériter de Moriarty dans ce sinistre drame. Dès lors, on cherche à le démasquer parmi les passagers. Il s'agira du Majour Duncan-Bleek, un ancien compagnon de régiment du bon Dr Watson.


Le scénario, un brin paranoïaque, n'est pas inintéressant. Le lièvre gît plutôt dans le tissage des intrigues diverses que l'on convoque. Un cercueil à la Lady Frances Carfax, un diamant façon Escarboucle bleue, un ancien soldat impliqué dans un vol de trésor oriental (relativement oriental) et l'antagoniste de La Maison vide, tout cela mis ensemble avec le devoir de former un tout cohérent. C'était effectivement une tâche peu aisée sinon impossible.


Voilà sans doute une bonne raison pour ne pas prendre le projet au sérieux et donner dans l'humour. Basil Rathbone est fidèle à lui-même, certes, mais campe le célèbre détective consultant le sourire aux lèvres. A ses côtés, un Dr Watson éminemment comique, refoulé par tous les passagers et pris d'une fierté outrancière que vont punir de nombreux gags, parfois répétitifs, et un Lestrade qui n'a d'égal que les Dupondt, se prétendant incognito en tenue de pêcheur et régulièrement contraint de répondre à des passagers qui menacent d'appeler la police: "Mais ... c'est moi, la police ..." jusqu'à en douter. Les stratagèmes ingénieux du coupable s'avèrent peu utiles: le passager clandestin ne sert qu'à tenter de dissimuler sa propre présence et à se faire tuer, la complice est franche comme une fausse facture - son interprète ayant pris le parti du rire - et son identité, à vouloir convoquer Le Signe des Quatre, souffre d'une véritable incohérence. Le tout s'achevant sur une belle bagarre dans la veine d'Astérix, servant un ultime rebondissement inattendu mettant en exergue le pouvoir de déduction comiquement grossi dans ce volet des aventures de Sherlock Holmes sauce Rathbone.


Un Sherlock Holmes à visionner dans son esprit parodique pour l'apprécier à sa juste valeur, au risque de le trouver grotesque.

Frenhofer
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 6 févr. 2019

Critique lue 421 fois

7 j'aime

6 commentaires

Frenhofer

Écrit par

Critique lue 421 fois

7
6

D'autres avis sur Le Train de la mort

Le Train de la mort
Val_Cancun
5

Toujours un train d'avance

"Terror by night" est l'ultime opus de la collection de quatorze films au sein desquels le comédien britannique Basil Rathbone incarne le fameux détective imaginé par Conan Doyle, flanqué de son...

le 20 mai 2018

3 j'aime

Le Train de la mort
Caine78
5

Critique de Le Train de la mort par Caine78

Le problème, c'est qu'il m 'a laissé un souvenir tellement vague ce « Train de la mort » que je ne sais plus si ce n'était vraiment pas terrible ou juste très moyen... Dans le doute, je lui accorde...

le 1 avr. 2018

2 j'aime

Le Train de la mort
estonius
3

Tchou, tchou, le petit train...

Dans ce genre d'histoire, l'intérêt est d'essayer de deviner qui est le coupable. Un scénariste talentueux parsèmera son film d'imperceptibles indices rendant la solution difficile mais trouvable. Or...

le 9 déc. 2018

1 j'aime

Du même critique

Les Tontons flingueurs
Frenhofer
10

Un sacré bourre-pif!

Nous connaissons tous, même de loin, les Lautner, Audiard et leur valse de vedettes habituelles. Tout univers a sa bible, son opus ultime, inégalable. On a longtemps retenu le film fou furieux qui...

le 22 août 2014

43 j'aime

16

Full Metal Jacket
Frenhofer
5

Un excellent court-métrage noyé dans un long-métrage inutile.

Full Metal Jacket est le fils raté, à mon sens, du Dr Folamour. Si je reste très mitigé quant à ce film, c'est surtout parce qu'il est indéniablement trop long. Trop long car son début est excellent;...

le 5 déc. 2015

33 j'aime

2

Le Misanthrope
Frenhofer
10

"J'accuse les Hommes d'être bêtes et méchants, de ne pas être des Hommes tout simplement" M. Sardou

On rit avec Molière des radins, des curés, des cocus, des hypocondriaques, des pédants et l'on rit car le grand Jean-Baptiste Poquelin raille des caractères, des personnes en particulier dont on ne...

le 30 juin 2015

29 j'aime

10