Il m'aura fallu deux films pour mettre le doigt sur les ingrédients de la recette "Transporteur" mais je pense être sur la bonne voie. Si la progéniture trisomique de "Quantum of Solace" et "Taxi" violait le cadavre de "Walker Texas Ranger" et lui faisait un enfant, il ressemblerait au "Transporteur 2" : un héros qui fait n'importe quoi mais s'en sort toujours sans un faux pli à grand renfort de coups de bol invraissemblables, des poursuites en bagnole, en jetski, en avion, en train ou en solex, des combats ridicules, un montage épileptique, le budget d'un épisode de Joséphine Ange-Gardien (ou juste un très mauvais studio d'effets spéciaux) et autant d'ambition artistique.


Le premier Transporteur avait mis la barre assez bas.
http://www.senscritique.com/film/Le_Transporteur/critique/373844


Dans le second opus, Leterrier repousse les limites du mauvais goût et accouche d'un film encore plus navrant, encore plus con et beaucoup plus laid, qui atomise le zest de crédibilité qu'on pouvait encore trouver dans le premier dont le héros était très très chanceux et extrêmement efficace sans pour autant paraître doté de super-pouvoirs.


3:05 - Frank, le transporteur, balance un coup de pied à un mec armé d'un couteau. L'arme s'envole, ricoche contre un tuyau du plafond et retombe dans sa main.


12:00 - Présentation du méchant qui s'entraîne aux arts martiaux contre 5 adversaires et parvient à tous les renverser simultanément avec une onde de choc en bondissant à 3 mètres de haut sans élan.


Les scènes d'action de cette suite sont un déferlement incessant de violence bizarrement aseptisée, avec des triples fractures et des membres qui se plient dans des angles peu naturels mais quasiment jamais une goutte de sang.


20:00 - La méchante blondasse peroxydée (MBP) enlève sa blouse et décide se battre en soutif et porte-jarretelles, avec des Uzi dont les balles font des traînées funky à la Matrix sans avoir besoin de slow-motion. Et si on avait pas encore compris son statut d'objet sexuel, ajoutez l'alarme incendie pour rendre le haut parfaitement transparent.


29:12 - MBP tire sur un hélico et le fait exploser en plein vol dans un torrent de flammes avec une seul décharge d'Uzi.


Dans cet opus, on troque la demoiselle en détresse contre un gamin en détresse, mais comme il fallait à Frank une pseudo histoire de coeur ou plus si affinité, on lui a bricolé un vague flirt avec la mère qui n'ira jamais bien loin car même les scénaristes ont réalisés en cours d'écriture qu'on en avait rien à foutre. Alors il y a aussi un peu de tension sexuelle avec MPB qui lui léchouille le visage en essayant de rendre ça érotique mais ça ne fonctionne pas trop.


35:02 - Pour se débarrasser d'une bombe accrochée sous sa voiture (qu'il a repéré car le dispositif est énorme et couvert de diodes scintillantes multicolores, c'est pratique), Frank roule à toutes blinde sur des palettes, fait décoller sa voiture dans les airs et l'oriente par télékinésie pour venir frotter le crochet d'une grue et déloger l'explosif une seconde avant sa détonation. L'effet spécial est presque aussi loupé que celui de l'hélico.


42:30 - Un vieux français en chemise Hawaïenne se promène dans les bureaux des US marshals, s'assoit à un bureau inoccupé donc le propriétaire n'avait pas verrouillé la station et personne dans le bâtiment ne semble s'en offusquer.
"I'm sorry, I'm not used to that system", dit-il, avant de taper exactement deux lignes de codes pour :
- Accéder à l'ordinateur de la voiture de Frank sans avoir à lui demander la moindre information, adresse, IP ou quoi que ce soit
- En extraire les informations nécessaires à l'avancée de la trame en devinant par magie de quoi il s'agit
- Pirater la base de donnée et obtenir le profil d'un suspect à partir d'une photo, grâce au logiciel d'identification faciale le plus rapide de l'univers.


45:00 - A la poursuite d'un sous-fifre du méchant, Frank saute du deuxième étage, atterrit sans encombre, se redresse théatralement en ajustant son costume d'un air très énervé puis reprend sa poursuite, dix mètres derrière le poursuivi qui a eu l'amabilité de l'attendre.


46:50 - Poursuite en jetski sur le periph.


Dans le premier film, Frank se roulait dans l'huile de moteur pour se rendre insaisissable et défoncer 12 truands à coup de pédales de vélo. Dans le second, il trouve encore le moyen de s'enduire d'huile et recycle exactement la même scène, en plongeant cette fois ses poings dans des noix de coco pour balancer de plus gros gnons. Ca ne s'invente pas.


54:50 - Frank confirme son don de prescience en s'élançant vers la fenêtre une seconde avant que le méchant n'y jette le précieux antidote qui doit sauver la terre d'un virus mortel. Par chance, un taxi passe juste à ce moment et amortit sa chute. S'ensuit un carambolage ridicule suivi d'une scène de strip tease tout à fait gratuite.


1:06:30 - Séquence Kill Bill pour Frank, seul contre une grosse douzaine de malfrats armés de hâches et de katanas. Saluons au passage la petite vitrine "en cas d'urgence" qui contient pas moins de 4 hâches. La scène est joliment chorégraphiee, ceci dit, avec toujours cette utilisation ingénieuse du décor et des accessoires qui font la spécificité de la série.


1:08:30 - Rebelotte, mais Frank se bat à coup de tuyau d'arrosage. Ca parait ridicule, comme ça, et ça l'est, mais la chorégraphie est tellement inventive qu'elle fait son petit effet.


A quoi ça servait de passer autant de temps à présenter MBP comme un perso puissant et badass si c'est pour qu'elle se fasse bousiller en un coup de pied et finisse empalée sur une sculpture ?


1:15:20 - Frank fait irruption dans le jet privé du méchant et le gratifie d'une de ses punchlines bien senties.
Frank : "I'm sorry, flight's been cancelled."
Méchant : "I'm sorry to inform you that... you have been cancelled."
Frank : "I'm sorry but your mother's been cancelled."
Méchant : "No, YOUR mother's been cancelled!"


1:17:30 - Après quelques milliers de mètres de chute libre, le jet privé s'écrase dans l'océan. Au lieu de se pulvériser contre la surface des flots, il se contente de couler gentiment. Frank neutralise le méchant et remonte avec lui à la surface après une apnée de 30 mètres sans palliers de décompression.


C'était un petit florilège des passages les plus crétins mais c'est loin d'être exhaustif. L'ensemble est servi par une réal abominable, des images fluo et saturées, les mêmes tics de mise en scène que dans le premier opus et des effets numériques dignes d'une production Bollywoodienne.

Ezhaac
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le 7 oct. 2015

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