Pour clôturer sa trilogie du « Mal », incluant les portraits du Général Amin Dada et de l’avocat Jacques Vergès, le réalisateur Barbaret Schroeder voyage en Birmanie pour ausculter la progression latente vers une banalité du mal dû à un moine bouddhiste réputé pour ses discours islamophobes. Un portrait glaçant sur les failles d’une humanité qui a peur.


Times Magazine l’a appelé « Le visage de la terreur boudhiste » : Wirathu, ce leader politique et idole religieuse d’un peuple terrifié par des faits divers rappelés éternellement pour appuyer une rhétorique vaseuse mais efficace pour endoctriner. Ainsi, tel un président américain récent se faisant élire en profitant en partie de récents attentats ou tel un chancelier allemand qui grossissait les traits pour perpétuer un génocide, ce moine bouddhiste va bâtir son règne en introduisant un mal indicible et c’est cela qui va intéresser Barbaret Schroeder pour son film.


Racontée à travers des entretiens, narré en partie avec les éloges auto-proclamés par ce leader mégalomane, cette étude du Mal glace le sang en montrant par un montage simple et didactique à quel point il est si facile de fonder et conditionner un mouvement. Laissant le spectateur juger par lui-même ce qu’il se passe à l’écran, Schroeder ne fait aucune concession dans ce qu’il est de monter une violence quotidienne et tournant en boucle dans chacun des camps. Une boucle où l’on commencerait par un fait-divers pour déboucher sur une parole crasse mais dit élégamment profanant une religion sacrée accompagnée de clips de propagandes grotesques mais apparemment efficace si elle a su conquérir un peuple pour finir sur des batailles génocidaires à glacer le sang. Un fléau terrible mais que le film mentionne comme étant présent partout dans le monde comme une histoire tournant sans cesse en rond.


Ce documentaire effraie en prouvant cette simplicité du Mal à se glisser dans une communauté renfermée sur elle-même. Un mal issu des dérives du populisme qui si on ne fait pas suffisamment gaffe peut arriver très vite n’importe où comme un virus.


https://lesbrouillonsducinema.wordpress.com/2017/06/13/critique-le-venerable-w-le-mecanisme-du-mal/?preview_id=11877&preview_nonce=703d939e90

VictorHa
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films vus en 2017 et Les meilleurs films français de 2017

Créée

le 13 juin 2017

Critique lue 433 fois

VictorHa

Écrit par

Critique lue 433 fois

D'autres avis sur Le Vénérable W.

Le Vénérable W.
AnneSchneider
8

Les religions et leurs contradictions...

"Vénérable" : que l'on peut, voire que l'on doit vénérer... Le mot est fort, puisqu'il se rattache à la famille lexicale de "Vénus"... Respect, donc. W désigne Wirathou, l'un des moines bouddhistes...

le 8 juin 2017

14 j'aime

Le Vénérable W.
Christoblog
4

Scolaire et intéressant, et réciproquement

Quand on critique un documentaire, il faut toujours être attentif à distinguer le sujet de la forme. Ici, le sujet est assez intéressant. Il présente la figure méconnue d'un moine boudhiste birman,...

le 19 juin 2017

6 j'aime

Le Vénérable W.
nathvaaucinema
8

L'un des meilleurs films d'horreur de l'année

Présenté en séance spéciale au Festival de Cannes, le documentaire de Barbet Schroeder est actuellement dans les salles françaises. Le réalisateur clôt ici sa "Trilogie du Mal" après Général Idi Amin...

le 7 juil. 2017

3 j'aime

Du même critique

Le Congrès
VictorHa
8

"Forever youunngg !"

Plus les années passent et plus le cinéma est en train de mourir à petit feu. Tué à grands coups de remakes inutiles, de films reconvertis en 3D, de motion-capture etc... Et Ari Folman, réalisateur...

le 3 juil. 2013

27 j'aime

4

Cinquante Nuances de Grey
VictorHa
1

Cinquantes Nuances de sexisme

Le féminisme, terme en faveur de l'égalité des sexes, est très en vogue dans notre pop-culture actuelle, de diverses façons ou autres. Lena Dunham brille en brisant toute complexité dans sa série...

le 11 févr. 2015

21 j'aime

5

Nos étoiles contraires
VictorHa
5

OK...

Si il y a bel et bien un livre dont touts les adolescents ont parlé cette année, c'est bien « Fifty Shades of... », heu..., je veux dire « Nos Etoiles Contraires ». Cette romance entre deux...

le 21 août 2014

21 j'aime

3