Et dire que ce film fut apparemment considéré à l’époque comme sacrilège par certains groupes religieux ! Car en effet voilà que Dieu le père aurait à nouveau tiré un coup ! Et pas qu’une fois, et en plus avec toutes les femmes d’un village (l’histoire ne dit pas si c’était la même soirée), comme il avait fait à la pauvre Marie ! Mais pas que des vierges cette fois-ci. Des femmes qui vont bien sûr devoir enfanter dans la douleur, et apparemment sans même avoir eu le plaisir qui va bien lors de la conception ! Rien ne va plus pour le Seigneur, la sexualité du bonhomme semble détraquée, et c’est un petit village anglais, entre autres, qui a recueilli les divines semences. Le souci est que les enfants semblent vite davantage prometteurs que Jésus, mais que leurs intentions seraient peut-être malfaisantes. Se serait-on trompé, le père serait-il le Diable comme semble l’indiquer la forme en D des cheveux des enfants ? Voilà le pitch de ce film que je vous conseille car il m’a bien fait marrer, même s’il n’est pas certain que c’était là le projet du réalisateur ni que ce fut la première réaction du public en 1960.


Car le film n’est pas qu’une immense blague, les enfants sont flippants, des blonds à la croissance ultra rapide, à l’intelligence hors-norme, et avec des pouvoirs étranges. Hitler n’aurait pas rêvé mieux, et la référence au nazisme est évidente, de même qu’il s’agit d’un film de guerre froide, où la menace représentée par ce groupe d’enfants n’est pas sans lien avec la peur du communisme. Révélateur de l’angoisse de la période, la dénonciation de ces enfants tyrans et soumis à des intérêts « communautaires » en fait une dénonciation des systèmes totalitaires, celui de l’URSS n’étant en quelque sorte ici que le continuateur du totalitarisme allemand. L’esprit du maccarthysme est encore là, l’ennemi intérieur toujours une possibilité.


Le film aborde aussi brièvement des questions éthiques liées à la science ; ces enfants doivent-ils être protégés pour leur potentiel incroyable, ou détruits avant qu’ils ne deviennent incontrôlables ?


Bref, c’est un film efficace d’1h15 au total, qui utilise un schéma narratif aujourd’hui classique, et fait l’excellent choix du noir et blanc pour camper l’ambiance particulière d’un récit fantastique, mais aussi pour mettre en lumière ces enfants pâles, aux cheveux blonds, qui n’auraient probablement pas eu le même impact sur les spectateurs dans un film en couleur. Ces yeux, nom de Dieu, ces yeux… Damned !

socrate
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le 7 déc. 2016

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