Le charme de la série était indéniablement un curieux dosage de personnages haut en couleur, d’une réalisation inventive et d’un humour mêlant comédie absurde et référence pop-culture. L’évolution de la durée des épisodes représentait la véritable réussite dans le ton que prenait l’intrigue et laissait présager un passage sur le grand écran des plus réussis. Et voilà qu’on devient spectateur d’un film à la réalisation digne d’un téléfilm, et aux personnages totalement creux ! 

Il y a quelques idées par ci par là mais une direction artistique très superficielle, sans aucun relief... Ce qui est tourné en studio fait très Studio ! Et les décors 3D font très numérique !

Que dire des personnages à l’absence totale de développement et d’émotions ? Un problème d’écriture évident qui amène nos héros à ne rien ressentir quand aux conséquences de leurs actions. Actions au enjeux dramatiques très fort pour le personnage d’Alice dont le spectateur ne peut ressentir la puissance de ses choix tant ils ne sont jamais développés et clairement ressentis. Enya Baroux est une excellente actrice et parvient à exister dans ce flou scénaristique, reflet du parcours de son personnage mais aussi du spectateur… Arnaud Ducret possède un fort capital sympathie mais on a du mal à croire à cet industriel capitaliste en guerre avec sa fille. Les personnages iconiques font leur retour mais qui sont-ils ? Quels sont leurs motivations ? Leurs enjeux personnelles dans cette quête ? 4 saisons dans la série ne les rendent pas intouchables. Chaque nouveau combat doit avoir autant d’impacts dans leurs vies que le précédent. Peut-être même plus… 

Pourquoi avoir situé l’intégralité du scénario dans le futur ? Alors que le postulat principal de la série repose sur un personnage du présent qui est parasité dans son quotidien par un individu provenant d’une autre époque. Un ressort de comédie classique mais au potentiel narratif illimité. Avec une partie dans le futur pour le troisième acte pour donner de l’ampleur aux enjeux du climax… A ce niveau, le scénario du film pourrait se rapprocher de Neo-Versailles (saison 4, la plus aboutis) mais avec la direction artistique et la ribambelle de personnages en moins… 

Tant de questions qui nous rappelle que le passage du format court au long-métrage reste très compliqué et aurait pu représenter le véritable succès de film ! À la manière du Splendid dans les années 70 qui avait réussi le passage du café théatre au cinéma... Des Nuls ou Les inconnus qui ont triomphé en passant de la télévision au cinéma dans les années 90 ! Les Web-vidéastes ont encore du chemin à faire...

La comédie sur fond de Science-Fiction était le choix à faire , et non l’inverse ! Comme si le choix d’en faire une comédie allait faire perdre de la crédibilité à l’histoire. Elle l’aurait renforcé et lui aurait permis de conserver la folie de la série…

Le problème de ton est sans doute la raison principale de ce semi-échec ne serait-ce que par rapport à la distribution. Enya Baroux a un jeu très  cinéma tandis que les acteurs d’origine osent le second degré et le surjeu. Deux styles très différents reflétant la différence des univers à tous les niveaux mais qui ne peut que faire ressortir un évident manque d’unité. J’aurais voulu que Le Visiteur du futur - le film réussisse là où Kaamelott - le film a échoué. Malheureusement le film tombe dans les mêmes écueils. Des personnages aux faibles motivations  et avec une absence de caractérisations clairs. Éléments porteurs qui était la force de leurs séries respectives. Les nouveaux spectateurs trouveront le film sympa mais sans comprendre l’engouement des fans de l'oeuvre d'origine car ils n’y verront pas la folie, l’ingéniosité, l’audace, le rythme euphorique et la fraîcheur d’une jeune équipe qui ont peut être vu trop grand trop vite. 

Il faut soutenir ce film ! Il faut aller le voir afin de permettre à François Descraques de pouvoir montrer l’étendu de ses talents de réalisateurs dans d’autres films. D’autres projets inédits qui ne seront pas soumis à des attentes peut-être irréalisables et un cahier des charges de production devant plaire à un maximum de spectateurs...  

MickaëlSoleirol
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le 9 sept. 2022

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