Le Voyage du ballon rouge fait partie de ses films qu'on apprécie dès ses premières images. Cette douceur de l'enfance qui jaillit par la spontanéité d'un môme qui parlote paisiblement avec un mystérieux ballon rouge dans le ciel. Malheureusement, Le Voyage du ballon rouge fait également partie de ses films dont l'intérêt s'étiole inexorablement, nous laissant avec un sentiment mitigé lorsque le générique pointe enfin le bout de son nez.


Pourtant, je dois concéder que j'ai été plutôt sensible au canevas dans lequel son histoire se déroule. Notamment ce ballon "autonome" qui se meut aussi librement que le regard fluctuant que HHH pose sur cette cellule familiale morcelée. À mon sens, l'essence du film pourrait se résumer à la scène durant laquelle le ballon rebondit sur une fresque délabrée le représentant. Le présent bancal s'accroche à des bribes du passé mythifié comme s'il s'agissait de retrouver du réconfort face à ce futur incertain. La sphère de l'adulte tutoie celle de l'enfant, transporté par un besoin presque vital de retrouver son moi perdu et de transmettre ses résidus dégradés. À l'image du doublage de fortune de la vidéo de l'arrière-grand-père muette ou de l'intense plan-séquence qui marque bien le fossé "séparant" la candeur du fils et le problème de la mère.


D'un côté je salue la performance de Binoche qui a su vraiment se livrer avec beaucoup de justesse et de l'autre, mais qu'est-ce que j'ai souffert à supporter la personnalité de personnage ! La réalité de son quotidien me semblait tellement à des années-lumière de la mienne que je me suis senti exclu; tiraillé entre l'admirable concept sous-jacent du film, mais de plus en plus agacé par cette marionnette humaine qui lui a donné vie. J'ai bien conscience que le problème se porte évidemment de mon côté, et qu'il ne découle fort heureusement pas d'une attitude dogmatique m'imposant le rejet systématique de films éloignés de ma zone de confort. Cette réaction irrationnelle me questionne évidemment sur mon rapport au Cinéma qui concorde actuellement avec la recherche de l'Authenticité sous toutes ses formes. Paradoxalement, je trouve même que ce déboutement est la parfaite démonstration que le film est parvenu à saisir des instants de vies avec une certaine justesse.


Mes efforts pour tenter de m'accrocher aux multiples qualités du film ont finalement été difficiles. À la fin du film, Le Ballon Rouge a presque fini par me glisser entre les doigts, mais une chose est sûre : c'est dans ces moments-là qu'un revisionnage s'impose. Semi-critique semi-utile.

GigaHeartz
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le 1 sept. 2016

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