Lee Marvin: A Personal Portrait by John Boorman tourne le dos à toute approche scolaire ou chronologique pour traiter essentiellement du caractère de l'interprète de Duel dans le Pacifique et du Point de non-retour. Pas mal d'anecdotes et de souvenirs qui éclairent sous un nouveau jour son tempérament et ses méthodes de travail, tous deux fortement influencés par son expérience lors de la seconde guerre mondiale, tant par son passé de soldat que par sa culpabilité d'avoir seulement été blessé alors que la majeure partie de ses frères d'armes sont morts au combat.
Ainsi sur Point de non-retour, il fera croire aux producteurs qu'il était saoul sur le plateau pour couvrir les arrières de Boorman qui, lessivé après un tournage exténuant, a eu une panne d'inspiration un matin. Il apportait aussi beaucoup d'idées pour enrichir son personnage en éliminant un maximum les dialogues. C'est à priori lui qui aurait eu l'idée de la cafetière dans Règlement de comptes. Sa veuve explique aussi que ses personnages déteignaient de plus en plus sur lui au fur et à mesure des tournages, ce qui posait parfois vraiment problème voire de réelles craintes.
Parmi les autres temps forts : la lecture du texte que Marvin écrivit et relatant sa blessure (lu par Jim Jarmusch), l'évocation de son sourire en coin à l'approche de la mort lors d'un repérage sur Duel dans le pacifique qui faillit se finir par un accident d'avion ou encore la lutte à la pêche contre un gros poisson qui sacrifia son œil et qui pris pour lui une dimension existentialiste.
La construction du documentaire et son enchaînement est parfois un peu brouillon mais l'hommage est aussi sincère et personnel que touchant. Et on ressort avec une envie furieuse de revoir sa filmographie, ce qui n'est pas toujours le cas d'autres documentaire centré sur un acteur.