La bonne époque de Luc, l’américain. Ce film est un petit miracle. Luc ne se fait pas avoir par ses tics, (à la manière de Luc), et essaie de répondre à la question posée : Comment faire un film d’action français-américain ? On lui a donné les moyens. Á lui d’assurer avec le casting pas dégueu, l’action, la mise en jeu. Et ça a marché. Je l’ai vu, il y a (très) longtemps au ciné. Il ne perd pas grand-chose avec le temps, pour la bonne raison que Luc ne travesti pas son cinéma, sous prétexte qu’il est en Amérique. Il filme NY, comme on filmerait la banlieue, à hauteur de bistrot. Les personnages sont atypiques, comme d’hab. L’univers est coloré et pop de magasin de bricolage. L’humour un peu au ras du plancher, l’action bien menée, et rythmée. Bon divertissement. La scène d’intro, fait penser à un film d’action asiatique, et Léon apparaît comme un esprit Frappeur. Jean Reno, reste très bon. Nathalie Portman par contre, est oscarisable d’office ! J’avais complètement oublié ce qui faisait la vraie originalité de ce truc. Cette gamine d’à peine (12 ans ?), qui porte une bonne moitié du film, si ce n’est plus, sur ses épaules, vole complètement la vedette à Reno, et à tout le monde, avec l’assurance et la maturité, d’une vieille brise quart. Impressionnant cette gamine! Le pire ce que je ne me rappelle pas l’avoir vue aussi bonne…après. L’innocence feinte de Mathilda/Nathalie, répond parfaitement à la mécanique brutale, du tueur froid, mais au grand cœur d’enfant, Léon.
L’histoire de cet homme de main a qui Besson met une gamine dans les pattes, c’est le classique du couple qui n’a rien en commun, et qui devra cohabiter bon gré, mal gré. Tout le film est là. Et les anecdotes pour rire, le ton jamais grave, jamais glauque. Le tueur, sans le vouloir, devient père de substitution, (maladroitement), mais il débute dans ce job là. Et elle, elle sera fille fictive, et « femme » de substitution. Tout ça au second degré, évidemment. Aucune atteinte aux bonnes mœurs ne sera faîte ici, leur relation restera purement platonique, et ce au grand dam des pédophiles de tous poils. Et ce n’est pas faute d’essayer. Mathilda est « amoureuse » de Léon, comme une fille perdue est « amoureuse » de la première figure paternelle qui se présente, rassurante ou protectrice. Il n’y a aucune ambigüité dans leur relation, pas plus qu’on ne peut en trouver dans celle entre Batman et Robin. Beauté de la jeunesse, assurance, naïveté et générosité-monstre, dans le jeu, dans le bain, l’innocence dans le bain de la mafia. Et arrive Gary Oldman, en méchant de service. Ripoux plus dingue que jamais, Gary, lui a compris l’essence du film, et cabotine plus que de raison ; mais il le fait si bien! Il a un comportement de serial killer, et relance l'intérêt du divertissement. Il prend des cachets, se tord de douleur, sort un flingue, et n’aime pas Beethoven...pittoresque est le mot. Direction d’acteurs impec, histoire courte, mais belle. Mathilda veut devenir nettoyeuse comme son « papa adoptif» Léon, et venger la mort de son petit frère. Les menaces n’y changeront rien. Elle est têtue comme une mule, cette enfant. Comment Léon va-t’il s’en débarrasser ?
Pas de temps mort, beaucoup de morts, Reno en pleine forme, (en anglais dans le texte), et voilà le blockbuster de l’année, réussit au-delà des espérances. La boucle se boucle, et le film se termine par un règlement de comptes orchestré comme un mouvement de Beethoven, c’est-à-dire, très lourd, avec beaucoup de force de frappe. Une fin logique, très belle et et plus, symbolique. Tel sera le destin de la plante verte, qu’on se demandait à quoi elle servait pendant tout le film. Et Léon qui l’a trimbalait partout... Il n’y avait pas besoin d’intrigue à rallonge. Les pas de danse gérés par la caméra de monsieur Besson, ont suffit. Formaliste il est, formel il restera.