Les paysages de la forêt Canadienne, un cadre mirifique où nous suivons plusieurs personnages tenter de survivre face à des «zombies» qui ont le syndrome de Diogène.
L'un des personnages principaux affiche une tête de trois pieds de long lorsqu'il espionne la communauté des affamés, et pour cause : ils érigent une curieuse tour. Cette tour est un amas de chaises en bois, de vieux téléviseurs, de skis, de râteaux... un véritable merdier. Un bruit d'ondes stridentes s'en dégage, et les affamés se tiennent debout tout autour, sans formation précise. Certains viennent de loin pour poser leur «pierre» à l'édifice. Il s'agit souvent de détritus, d'invendus de brocante, des vieux jouets poussiéreux (les mêmes que ceux de votre grenier, allez vérifier s'ils ne vous en ont pas piqué). Ils construisent petit à petit une véritable pierre des hardes, un galimatias de déchetterie, une tour de Babel qui ne réunit que les nations de bouffeurs de mollets.
Quid de cette tour ? J'y ai vu un clin d'œil au film Dawn of the dead de Romero, où le zombie est une analogie du consommateur. En tout cas j'ai adoré cette partie, il y a un mélange de comique et d'inquiétant.
Le film entretient bien une tension sur un rythme régulier, mais tombe dans la facilité du jump scare à de trop nombreuses reprises.
Des incohérences à relever :
1 _ les survivants font attention tout le long du film à ne pas faire de bruit (ils retiennent les portières qui claquent, etc...) mais leurs nombreux coups de fusil n'attirent personne.
2_ À la fin, pourquoi restent-ils si longtemps aussi près de la tour, au lieu de fuir ? Ils ne projettent pas de tuer les affamés, ils ne projettent rien de spécial mais restent dans un cercle de quelques kilomètres carrés du centre névralgique des dalles-en-pente.
3_ La tenue vestimentaire d'une des personnages. Le tailleur, le pantalon bien habillé, le collier de perles... Alors qu'elle tue des zombies à coups de machette. Pas convaincant, est-ce pour expliquer qu'elle peine à se défaire du passé ?
4_ Le vétéran de guerre, lourdingue. Ses apparitions cassent la tension et le tragique pour apporter un humour médiocre. Screamer trop facile.
Les personnages se réunissent, et la mise en scène force pour nous montrer une cohésion entre eux. La durée du film est trop courte pour les approfondir et nous convaincre d'une solidarité de groupe.
Le visionnage nous fait demander plusieurs fois «où ont-ils voulu en venir ?» qui donne un côté expérimental au film.
Point agréable : la musique. Très bons choix, et bien dosée.
En somme, on a un film qui chatouille le nanar, mais qui bascule plutôt dans l'expérimental scénaristiquement. Belle photographie et bonne musique.