J'aime bien Henry James, mais je n'ai pas encore lu le roman qui a servi de base à ce film ; j'ai tout de même reconnu son style, non pas au travers des dialogues qui sont ici étonnamment peu importants, mais plutôt au fait que les personnages sont constamment en train de marcher, qu'ils visitent des lieux, des musées.
L'intrigue est intéressante, mais les enjeux ne sont lancés que très tardivement ; ainsi, la première moitié du film, sans être véritablement inintéressante, paraît un peu fade. Pour le reste, c'est mieux, mais là aussi, il faut bien avouer que ça manque un peu de tension, que les conflits sont un peu faibles tels qu'ils sont présentés. Les dialogues sont assez courts, incisifs ; ce n'est pas déplaisant, c'est même le contraire puisqu'on est dans un traitement radicalement opposé à celui de James : l'épure. Ça c'est de la réappropriation. Ceci dit, il est dommage que les personnages ne soient pas un tantinet mieux construits.
La mise en scène est un peu décevante : c'est filmé comme un téléfilm, la photographie n'est jamais vraiment savoureuse, même si ce n'est pas mal filmé pour autant ; la caméra bouge, mais les travelings manquent un peu d'inventivité. Le découpage est assez sobre et fonctionne bien avec un montage lent, contemplatif : disons que le réalisateur parvient aisément à imposer son rythme. Les acteurs jouent de manière épurée, stoïque, ce qui renforce la simplicité du reste. J'en reviens du coup à la photographie et aux mouvements de caméra : ils sont simples et complètent le reste, on peut donc dire qu'il y a une logique derrière ces choix... malgré tout, je reste déçu que la photographie ne soit pas un peu plus travaillée, ne fut-ce que pour enrichir la contemplation.
Bref, "Les ailes de la colombe" est un film un peu plat par moment, mais qui n'ennuie jamais vraiment.