Wim Wenders cherche à croiser deux formes d’art, la poésie et le cinéma, en utilisant le point de vue des anges, qui observent inlassablement et à leur insu les hommes, guettant chaque étincelle de spiritualité. Le Berlin des années 80, avec son mur présent mais taggué, intégré au quotidien, lui offre un terrain de jeu fascinant, entre contemplation passive et volonté d’interventionnisme. Car Damiel ne veut plus juste observer, il veut ressentir, participer. Et surtout se rapprocher de la belle trapéziste Marion, ou encore parler avec le charismatique Peter Falk.
Le film est beau, onirique, joue des ombres et lumières et exploite intelligemment ses décors plus ou moins amochés par l’Histoire, ou encore la fièvre magnétique de Nick Cave. Malheureusement, il est également pesant et léthargique, à cause de ses grandes tirades poétiques et ses longs silences. L’insouciance de Marion et la naïveté de Damiel ne compensent pas la lenteur du film et sa grandiloquence.