En sortant L'astrée de derrière les fagots, malgré l'odeur de naphtaline d'une œuvre aujourd'hui totalement dépassée que personne n'a jamais lue en entier (5000 pages quand même) sauf Rohmer, 3 ou 4 universitaire zélés, 2 insomniaque et 1 sado-maso le metteur en scène prend un risque certain et a un projet audacieux : réussir à parler au public d'aujourd'hui avec une histoire redondante et peu palpitante d'amourettes vaguement contrariées mais pas trop (c'est pas du Racine) entre paysans (qui ne travaillent pas beaucoup: j'aimerais bien les voir tenir une ferme ) dans un cadre bucolique très idéalisé sachant que le livre était déjà anachronique quand il a été écrit. Résultat : le vétéran Rohmer se prend les pieds dans le tapi et son film est un ratage artistique total, même un navet, alors que le bonhomme a quand même une sacrée filmographie derrière lui et une expérience riche d'excellents films (à ce qu'il paraît). Ok le pari était impossible à tenir et l'histoire aurait difficilement pu être intéressante mais de là à produire quelque chose d'aussi mauvais. Seul Rohmer est en tort. Aucun charme désuet ici, juste l'ennui, la perplexité et l’abasourdissement devant un tel résultat. Le minimalisme peut être un choix cinématographique intéressant (Dogville est un de mes films préférés et on a sans doute pas été plus loin dans le genre, ça enfonce même Perceval le gallois : les décors sont tracés à la craie) mais dans le cas de ce film la direction artistique et surtout la direction d'acteur sentent l'amateurisme le plus total. On dirait vraiment un film tourné par un lycéen ou un étudiant (mais même pas en école de cinéma) avec zéro euros de budget fait avec des amis jolis et de la bonne volonté mais ne sachant pas jouer (j'ai d'ailleurs revu Andy Gillet récemment dans une version moderne de La belle au bois dormant, il était toujours aussi épouvantable, son jeu est tellement faux qu'il me fait sortir de n'importe quelle oeuvre). Bien que les lieux de tournage choisis par Rohmer sont loin d'être dégueus, ils ne sont pas du tout mis en valeur par l'image et je vois pas du tout le travail pictural que l'on pouvait trouver dans La Marquise d'O par exemple où l'image était magnifique et où le metteur en scène allait jusqu'à reproduire dans une scène comme un tableau vivant Le cauchemar de Fussli. Je ne dis pas que Les amours d'Astrée et Céladon c'est un désastre parce qu'il n'y a pas de budget ou que c'est trop en dehors des clous du cinéma actuel je pense que c'est un navet à cause des choix artistiques de Rohmer mais je suis certain que le film correspond parfaitement à ce qu'il voulait faire. Sauf que pour moi c'est totalement raté alors que dans ce que j'ai vu d'autre de ce metteur en scène c'était au minimum intéressant et au moins il dirigeait correctement les comédiens.
Niveau film qui fait amateur avec un jeu d'acteur improbable et complètement aux fraises et au rythme languissant le film est très similaire au Parc sorti cette année. Le même cachet film amateur tourné dans un joli décor avec quelques amis.