5 ans se sont passés depuis la fin de la saga Harry Potter au cinéma, et visiblement c'est un univers qui manque à Hollywood qui a décidé de se replonger dedans avec une saga dérivée. Surtout, il semble avoir manqué à J. K. Rowling qui après avoir annoncé en avoir terminé avec Harry Potter à depuis pondu une suite à ses aventures sous forme de pièce de théâtre et à l'intention d'écrire 4 autres films autour de son Fantastic Beasts and Where to Find Them. Une démarche qui trahit un opportunisme certain à capitaliser sur un succès passé qui a tant plus grâce à sa sincérité débordante et son imagination sans bornes. Deux choses qui ont désormais quasiment disparus lorsque l'on se retrouve face à ce nouveau film.


Il ne faut pas longtemps pour se rendre compte que la magie Harry Potter a définitivement disparue. Pourtant le film passe beaucoup de temps à essayer de nous émerveille pour cette réadaptation de l'univers, sans pour autant y parvenir. Des efforts louables ont été fait cela dit, notamment à travers une reconstitution d'époque impeccable et l'apport d'un lore vaste et riche qui se révèle même plus ambitieux que ce que les Harry Potter avait pu nous offrir jusque là. Ici on change de continent pour découvrir le monde magique des Etats-Unis et on y découvre un tout nouveau langage, un système plus rigide et urbain ainsi qu'une manière différente d'aborder la magie. Pour le coup, on a affaire à une extension intéressante de l'univers que l'on connaissait déjà et qui nous permet de découvrir une facette encore inconnue. Le soucis du détail de Rowling est toujours présent et elle compose un univers crédible et cohérent qui se joue à plusieurs niveaux. Mais ce qui fera que l'on aura du mal à rentrer dans ce que l'écrivaine nous concocte c'est la mise en scène impersonnelle et froide de David Yates. Il n'avait déjà pas brillé lorsqu'il s'est occupé des derniers Harry Potter mais là il semble faire un pas en arrière lorsqu'il s'agit de mettre en scène le monde de la magie. Il n'arrive pas à retranscrire la fibre merveilleuse que devrait avoir le film et il perd l'accessibilité qu'avait les Harry Potter lorsque la magie entrait en jeu. Même si les formules n'étaient plus prononcées sur la fin, il y avait un code couleur habile pour ne pas nous perdre lors des scènes d'actions et qui rendait chaque sort spécifiques. Ici tous ça est révolu et tous s'uniformisent et perd en fulgurances visuelles, la magie étant traitée de manière très aléatoire et perd en intérêt. Ce qui n'aide pas des scènes d'actions souvent illisibles en raison d'un montage beaucoup trop cut et d'effets spéciaux mal finis, ce qui amoindrit le climax en forme de destruction porn basique et inintéressant qui semble être devenu une norme dans le blockbuster moderne. On regretta aussi une photographie bien terne et que la seule chose d'un tant soit peu merveilleux se trouve être le score musical inspirée de James Newton Howard.


Mais un des autres gros problèmes du film, c'est que J. K. Rowling est une écrivaine, pas une scénariste. Son script ressemble donc plus à une ébauche inachevé d'un livre qu'à un véritable scénario de long métrage. L'intrigue se révèle aléatoire dans son déroulé mais aussi quasiment inexistante. Le tout s’apparente plus à une longue exposition de deux heures, qui voit d'un côté un quatuor de personnages stéréotypés "chasser" des créatures magiques en fuite et d'un autre l'antagoniste du film comploté pour s'approprier une forme de magie pure et démoniaque à des fins pas vraiment définis. Les deux "intrigues" s'entrechoquent dans un climax maladroit qui les fait se rencontrer par un hasard mal amenés et qui vient discréditer toute la partie chasse aux créatures qui à pourtant pris la majeure partie du film. Au final, ce sur quoi se base le récit ne sert à rien car les vrais enjeux ne sont exposés qu'à la fin et ne sont là que pour introduire la suite. Une suite qui aurait pu s'avérer intéressante si ce premier opus n'avait pas ridiculiser son antagoniste principal qui se révèle caricatural mais qui à en plus des agissements tout bonnement stupides et des motivations anecdotiques. Le scénario tombe dans les travers des blockbusters modernes en servant plus de teasing pour les suites plutôt que de se concentrer à être un film propre à lui-même et qui tient la route. Néanmoins, la partie principale du récit arrive à se suivre sans déplaisir, même si l'histoire se lance n'importe comment car elle n'est possible qu'en raison du manque de prudence du personnage principal. Mais il faut reconnaître que l'on suit un trio de personnages attachants, le deuxième personnage féminin étant trop caricatural et sous exploitée pour convaincre, qui arrive à nous divertir malgré ses stéréotypes prononcés. On pourra regretter des romances un brin trop forcées entre les personnages mais l'humour arrive à faire passer cela et on en vient à se prendre au jeu en voulant savoir qu'elle sera le prochain animal à attraper et comment ils vont y parvenir. Les personnages peuvent aussi compter sur un casting globalement talentueux, mis à part Eddie Redmayne encore une fois insupportable avec ses mimiques forcées et à côté de la plaque. Si il est quand même moins irritable que d'habitude c'est surtout grâce au capital sympathique de son personnage. C'est surtout Katherine Waterston et Colin Farrell qui assure le spectacle. Lui apportant un charme inquiétant à son personnage d'antagoniste et elle se montrant impeccable dans son interprétation plus nuancée que les autres acteurs. Ils sont aussi bien aidé par le talent comique de Dan Fogler qui s'impose par son naturel et ses fulgurances burlesques malgré le rôle un peu ingrat du sidekick rigolo.


Fantastic Beasts and Where to Find Them est donc une amère déception. Malgré tout de bonnes idées persistent ici et là, et on arrive vraiment à s'amuser devant cette chasse aux créatures fantastiques. Dommage que cette partie soit totalement insignifiante et balayée de la main par un récit bien trop occupé à maladroitement préparer la suite plutôt que de s'intéresser au présent. Ce spin-off devient donc ce que la saga Harry Potter n'a jamais été, un produit de son temps, alors que son aîné est encore une oeuvre intemporelle qui à dépasser le cadre du cinéma et de la littérature pour devenir un véritable phénomène. Ici, ce n'est qu'un blockbuster lambda, pas mauvais mais pas très beau et maladroitement écrit. Mais dire qu'il ne nous intrigue pas pour la suite serait mentir, car la perspective de pouvoir assister à l'affrontement et la relation entre Grindelwald et Dumbledore à quelque chose de grisant pour tout les fans de l'univers imaginé par J. K. Rowling. Il est juste déplorable qu'à l'heure actuel le projet n'ait rien de plus à nous offrir que ça.

Frédéric_Perrinot
4

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le 20 nov. 2016

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