Comme on pouvait s'y attendre, Steven Spielberg (à la réalisation) et Peter Jackson (à la production) ont fait de cette adaptation une aventure échevelée et assez impersonnelle, simplement illustrée par des éléments issus de l'univers d'Hergé - au grand désespoir des tintinophiles intégristes.
Pourtant, dans les premières minutes, j'ai vraiment cru que j'allais prendre un pied d'enfer devant "The Adventures of Tintin : The Secret of the Unicorn" : le clin d'œil initial à Hergé s'avère sympathique, et la première séquence au marché aux puces apparaît magnifique visuellement.
On découvre un graphisme bluffant (malgré quelques fautes de goût sur les visages, celui des Dupondt notamment), et le récit semble fidèle aux albums.
Idem lors des premières séquences en mouvement, où le dynamisme et la richesse de l'ensemble font plaisir à voir.
Il faut préciser que je suis pas du tout un adepte des films d'animation en règle générale, ni des jeux vidéos récents, de sorte que les images de synthèse m'ont vraiment impressionné.
Parlons maintenant des choses qui fâchent, à commencer par le scénario, qui se révèle vite confus et peu captivant, les auteurs (dont le britannique Simon Pegg) s'évertuant à mixer plusieurs albums ("L'oreille cassée" et "Le trésor de Rackham le rouge", principalement), tout en y intégrant des personnages qui n'ont rien à y faire (la Castafiore), ou qui apparaissent complètement dénaturés (ce pauvre Sakharine, devenu le grand méchant, descendant de Rackham!).
Encore une fois, je ne suis pas obsédé par la notion de fidélité à l'œuvre originale, mais là ça va trop loin.
Autre (gros) souci : le rythme! Spielberg ne se pose jamais, préférant enchaîner les cascades et autres courses-poursuites à un rythme frénétique qui finit par épuiser, même si techniquement c'est toujours aussi impressionnant. On a parfois l'impression de jouer à un jeu vidéo, tenté d'appuyer sur triangle ou carré en même temps que Tintin multiplie les sauts et chutes improbables.
On regrettera enfin le ton très enfantin du métrage, à l'image des tentatives d'humour parfois navrantes pour un adulte, qui finit immanquablement par trouver le temps long au cours de cette copieuse heure quarante cinq. D'autant que certains passages sentent le remplissage, à l'image de ce combat de grues loin d'être indispensable...
Alors, en dépit de toutes ces réserves, pourquoi la moyenne malgré tout? Parce que j'ai quand même pris une bonne claque visuelle, sensation jubilatoire qui n'arrive pas tous les jours au cinéma.
A l'arrivée, Spielberg et Jackson signent donc une œuvre hybride, sorte de gigantesque attraction cinématographique qui aurait sans doute davantage sa place au Futuroscope, ce qui en a ravi certains et prodigieusement agacé les autres.
Et moi, comme souvent, je me situe au milieu du gué...