Une fois n'est pas coutume : vous aurez le choix entre ma critique écrite il y a une XX d'années et celle écrite en 2019 lors de ma redécouverte de l’œuvre.


Critique du 23/32/3/22 :


Il est quand même incroyable, ce Robert Bresson. Alors que ces « Dames du Bois de Boulogne » est l'un de ses seuls long-métrages où les acteurs jouent normalement (pour ne pas dire plutôt bien, à l'image d'une Maria Casarès inspirée), voilà que celui-ci le renie, justement parce qu'ils ne parlent pas sur le ton monocorde et plat caractérisant ses films! Mais merde, c'est pas possible des raisonnements pareils! D'autant qu'en toute objectivité, cette adaptation moderne de « Jacques le Fataliste » de Diderot est une vraie réussite, que j'imagine beaucoup de réalisateurs aimeraient avoir dans leur filmographie.


Bien filmé, bien photographié et doté d'un scénario aussi cruel que parfois émouvant, les sensations sont nombreuses, bien au-delà de la simple beauté plastique qui caractérise l’œuvre. C'est simple : tout fonctionne de bout en bout, et ce qui aurait ainsi pu apparaître comme de la facilité apparaît au contraire d'une incroyable justesse, comme en témoigne une fin extrêmement touchante et intense. Bref, du très beau cinéma, élégant et inspiré : la Nouvelle Vague à son meilleur.


Critique du 2453222 :


Vu et (beaucoup) aimé il y a désormais pas mal d'années, c'est avec le souvenir de la version « officielle » signée Emmanuel Mouret que je me suis cette fois penché sur l'un des classiques de Robert Bresson, que ce dernier renie pour des raisons assez incompréhensibles. Bien plus épuré que le film sorti en 2018 (l'intrigue exclut toute la première partie du roman de Diderot), cette version moderne (bien que nettement plus ancienne, vous suivez?) fait preuve d'un talent assez étourdissant pour nous conter cette histoire aussi cruelle qu'intense, un récit de vengeance implacable et pourtant si humain.


Si dans d'autres mains ce « Dames du Bois de Boulogne » aurait pu être vite indigeste, ici, par la beauté de l'œuvre, son univers délicat, l'intelligence des situations, la détresse de sentiments décrits avec un lyrisme d'une rare puissance (et quelle musique), elle apparaît magistrale. J'avoue avoir de réelles difficultés à écrire cette critique tant l'œuvre passe par le ressenti, ce qui y est décrit, montré, caché : à ce titre, le choix des interprètes s'avère idéal, le quatuor Maria Casarès - Paul Bernard - Élina Labourdette - Lucienne Bogaert incarnant tous avec brio, dans des registres très différents, ces personnages plongés dans une spirale qu'au fond personne ne maîtrise. Certainement l'œuvre ayant su le mieux rendre hommage au génie de l'auteur français, et surtout un grand film sur lequel le temps ne semble avoir aucun effet. Magnifique.

Caine78
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le 30 mars 2018

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