Jaws le dire, ce film est la Quint-essence du blockbuster

Jusqu'à hier soir, le grand fan de blockbuster que je suis n'avait pas encore vu Les Dents de le Mer, et oui, c'est quand même ce film qui est à la base de ce genre qui me fait tant kiffer aujourd'hui (enfin ça dépend des fois...hum hum Terminator Dark Fate hum hum). En 1975, Steven Spielberg nous présente le film qui marquera des millions de personnes, que ce soit le spectateur mais aussi les cinéastes. Aujourd'hui c'est le blockbuster qui fait vivre de grandes compagnies comme Disney, Universal ou Warner et en plus du blockbuster, le film crée un nouveau genre: le film de requins. Mais bon, ce n'est pas du tout ce qui me donne envie mais je n'ai pas de mal à imaginer que même 45 ans après, Jaws n'a pas été égalé et ne le sera pas pour un bon moment, je pense. Bref, Les Dents de la mer est un film qui a influencé le cinéma, qui l'a marqué et qui est une référence absolue, qu'il faut absolument voir, surtout si on est fan des blockbusters comme moi, rien que pour savoir d'où vient ce qu'on chérit tant. Maintenant, est-ce que 45 ans plus tard, le film est encore d'actualité ? Est-ce qu'il peut encore faire vibrer les gens ? Est-ce qu'il peut être vu sans qu'on se dise qu'il a salement vieilli ? Oui, et pour une seule raison : Steven Spielberg. Le maître des blockbusters, le grand, le réalisateur qui ne déçoit jamais (enfin presque), celui qu'on veut derrière chaque super-production.
(Bon je pense que je ne vais pas dire quelque chose d'exceptionnelle, tout a déjà été dit, mais j'avais envie d'écrire une critique donc voilà)



Attention spoilers



(même s'il n'y a rien à spoiler je trouve)


On est dans les années 70 lorsque ce film entre en production et à cette époque, la technologie ne permettait pas tout ce qu'elle permet aujourd'hui à savoir modéliser un requin en 3D et le rendre crédible, qu'il ait une animation fluide et qu'il ne fasse pas faux. Pour remédier à ce souci technique, deux solutions : créer des animatroniques de requin et faire apparaître ce dernier pas plus de 6 minutes. Le meilleur dans tout ça, c'est que ces solutions ne sonnent pas comme des limitations budgétaires ou techniques, que ce soit l'une ou l'autre, elles s'intègrent superbement au film. La première, l'utilisation d'animatroniques, fait que le requin semble plus réel, on y croit plus, ces mouvements sont plus réalistes et surtout, il n'a absolument pas vieilli, même encore aujourd'hui ce méchant pas beau (même si en vrai, ça a une belle tête un requin) arrive à nous effrayer, à susciter de l'inquiétude quand il est sur le bateau et qu'il bouffe Quint, scène culte, en tout cas celle que je retiendrai le plus. Bref, le requin est réussi et je préfère voir ça plutôt qu'une bouillie d'effets spéciaux (En Eaux Troubles, ce serait intelligent de te sentir visé). La deuxième solution, c'est-à-dire réduire son temps à l'écran est utile à la création d'une tension. En effet, dans la première partie, durant laquelle le requin dégomme de pauvres touristes, l'animal n'est pas montré. Comme pour Alien ou dernièrement Invisible Man, le fait de ne pas pouvoir la menace la rend plus inquiétante car elle peut prendre les victimes par surprise à n'importe quel moment et le spectateur peut s'imaginer une entité très effrayante, avoir des images de choses pas jolies. La mise en scène y est pour beaucoup, au lieu de montrer le squale (oui, j'ai appris qu'on dit « le » et pas « la », merci Moha la Squale de m'avoir induit en erreur, tu mérites des dislikes sur tes clips), on a des vues subjectives de ce dernier, on comprend donc que lui peut nous voir mais nous, on ne peut pas le voir. Quand quelqu'un se fait attraper par le gros poisson, Spielberg ne montre pas le requin en train de grailler sa victime, non on voit soit la victime se débattre et crier comme pas possible, on se sent alors plus proche d'elle et on ressent plus sa peur, on se sent plus mal soit on voit énormément de sang, ce qui montre la puissance du requin. Et évidemment, cette mise en scène a été repris dans de nombreux films (je n'en ai pas vu mais je le sais, c'est tout, croyez moi). On notera aussi l'excellente idée des barils, ce procédé sert à ce que le spectateur sache que le requin est là sans voir ce dernier. Puis le passage dans l'eau quand Hooper est dans la cage anti-requin, c'est quelque chose quand même, déjà c'est bien foutu et on s'inquiète plus que jamais. C'est tout ça qui fait que chaque scène sur la plage ou toute la dernière partie sur le bateau ont une vraie tension...qui a aboutit sur un ptn de jump-scare à un moment :(


Donc le visuel, la technique et tout ce qui constitue la forme est réussi. Mais on est chez Spielberg et le fond a également une importance. Le scénario est assez simple, un requin attaque un touriste près de la station balnéaire d'Amity. Le commissaire de cette île va alors tout faire pour empêcher qu'une telle chose se produise. Voilà, c'est simple, pas de twists, pas de complications, ça va droit à l'essentiel. Oui le scénario n'a rien d'exceptionnel mais j'imagine qu'en 1975, un film qui mettait en scène un meurtrier qui n'est pas humain n'était pas banal et rien que ça déjà, ça constitue une des forces du scénario. Le bad guy du film est un animal, on ne peut donc pas comprendre ses émotions, il n'éprouve aucun empathie envers les hommes puisqu'il ne pense qu'à les manger, le spectateur va donc directement prendre peur, va directement se mettre à détester l'antagoniste, il comprends aussi rapidement que ça ne va pas être facile de l'exterminer et donc en 10 minutes, Spielberg a réussi le méchant de son film. Le personnage principal, le commissaire Brody est directement lié à cette menace puisqu'il est chargé de la sécurité de la station et son fils a l'habitude d'aller se baigner, en 15-20 minutes, Spielberg a crée les enjeux de son personnage. Comme tout film qui se respecte, le protagoniste évolue, ici l'évolution est simple : celui qui était inquiété par le requin et qui avait peur de la mer va défoncer le requin (à l'aide d'un set up/pay off bien trouvé) et se retrouver en pleine mer, voilà évolution simple mais efficace. J'ai beaucoup aimé Hooper, le gars de l'institut océanique venu aider à traquer le requin, c'est le gars qui est sur de lui, déterminé à exploser la face de la poiscaille. Ce qui est intéressant, c'est la relation qu'il entretient avec Quint, un autre chasseur de requin mais avec moins de moyens, car si au début ils se détestent, ils sont au final complémentaires et vont s'apprécier au fur et à mesure du film. Inutile de le préciser mais je le fais quand même, les acteurs sont excellents, rien à redire dessus, ils correspondent parfaitement à leur personnage et c'est maintenant difficile de voir quelqu'un d'autre à leur place.


En plus d'avoir de très bons personnages, Spielberg introduit des petites critiques bien sympathiques. Tout d'abord, via le personnage du maire, le réalisateur va parler des entreprises ou autres qui sont prêtes à tout pour se faire un maximum de chiffre d'affaire, quitte à mettre en péril la sécurité des clients. Il critique aussi le comportement humain, je ne sais plus le nom du personnage mais lors de la réunion qui fait suite à l'annonce de la prime de 3000$ pour celui qui attrape le requin, on voit une dame qui s'inquiète de ne plus aller à la plage...même pendant 24 heures, elle s'inquiète pour elle et ses loisirs mais pas pour la sécurité des autres...ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Spielberg est un visionnaire, il avait prévu le comportement des français lors du confinement. Suite à cette réunion, le peuple fonce tête baissée pour attraper le requin, alors qu'ils ont 98% de chances de se faire bouffer : deux choses critiquées : le gouvernement qui prend les mauvaises décisions et qui croit que l'argent peut tout régler alors qu'au contraire ça va empirer et la cupidité des gens qui sont prêts à prendre le risque de se faire manger par un requin juste pour de l'argent...et venez pas me dire que c'est justifié parce qu'ils n'ont plus rien à perdre parce que justement ils n'ont plus d'argent, on est sur une station balnéaire donc ça m'étonnerait que ce soient les plus pauvres de la Terre qui se trouve à Amity. Bref, Steven a des choses à dire et il le fait correctement.


En conclusion, je suis quand même pas mal heureux d'avoir aimé ce film, je ne me suis pas ennuyé et ai même été intéressé par cette histoire de traque au requin, malgré une fin qui s'étire, je trouve. Je n'ai pas parlé de la musique parce que je ne sais pas faire ça, mais tout le monde la connaît, elle est culte et je n'ai pas besoin de dire qu'elle est excellente. Steven Spielberg est un excellent réalisateur qui sait travailler le fond et la forme de ses films, au point de les élever au rang de classique voire de monument. Les Dents de la Mer est un film à voir au moins une fois, ça c'est sûr, rien que pour ce qu'il a apporté à l'industrie. 8/10

BestPanther

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10
8

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