Scénario :


Bonjour, je suis Steven Spielberg : vous me connaissez peut-être pour des films comme Sugarland Express, le téléfilm Duel ou cet épisode de Columbo qui commence avec un zoom de fou. Et si vous ne me connaissez pas, vous allez avoir intérêt à me connaitre, parce que vu tous les efforts que je mets pour rendre un film de pêche au requin intéressant, y a de quoi : travelings compensés, travelings, effets mécaniques, masquages d'enchainements de plans, musique de John Williams. Vous allez en avoir pour votre argent, c'est moi qui vous le dit.


Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" depuis le temps que je devais voir ce film"



En tant que sujet d'étude :



Les Dents de la Mer est un film que j'ai pris afin d'étudier les films de Steven Spielberg. Car si j'ai vu pas mal de ses films, j'avais jamais vu LE film qui l'avait rendu célèbre.


Et mine de rien, on peut dire que le petit père Steven s'est dit qu'il allait prendre ce film et en faire une sorte de CV. Malgré la quantité astronomiques de problèmes de production (ce qui est le lot de la plupart des réalisateurs débutants voir Predator) on voit Spielberg multiplier, sur la première partie, les effets de cinéma : travelings, effet de foule, caméra subjective, zooms et surtout cette scène sur la plage où les champs et contre-champs sont masqués par le passage de personnes et se fini sur un traveling compensé de toute beauté ! On sent que Spielberg était un fan d'Hitchcock et qu'il s'est inspiré de lui pour faire un film à suspens réussi : ajouter un leitmotiv pour mieux le trahir plus tard et faire une frayeur surprise, mettre des foulards rouges partout pour que le spectateur ne voit pas la menace.


De plus, il transforme pas mal de problèmes de production en force : prendre compte de l'hostilité réelle entre deux acteurs pour la remettre dans le film, profiter des moments où le tournage rencontre des problèmes techniques pour tourner des scènes plus intimistes. Ce qui fait que contrairement au livre, les personnages sont plutôt attachants et qu'il y a pas mal de scènes de la vie quotidienne.


Autre truc intéressant (même si c'est bien plus à mettre au crédit de la monteuse qui s'est un peu débattu pour masquer les passages où le requin semblait fake) c'est d'éviter de montrer trop le requin afin d'en faire une menace très diffuse et évasive (à la manière de l'Alien du premier film.) Au final, les deux ou trois plans gores et les effusions de sangs font leur taf et on sent qu'ils ont dosés suffisamment pour que ça ne parte pas dans le grand guignol. (Ce que fera ses suites ainsi que toute la vague de films sur les requins des 2000's.)


Le film est intéressant car coupé en deux parties qui fonctionnent très bien : la première est une sorte de film catastrophe lambda où la menace est un requin. On y retrouve tous les poncifs : le maire corrompu aveugle face à la menace, les curieux, l'attaque qui arrive lorsqu'on y pense pas et le fait que les deux seules personnes conscientes du danger soit un flic plutôt badass et un scientifique.


La seconde partie c'est la traque du requin en haute mer : le film se fait bien plus intimiste et permet de développer deux protagonistes de la première partie en y rajoutant un troisième pour faire le power trio habituel : Brody, le flic de la première partie étant dans le juste milieu entre le scientifique raisonnable mais timoré et le Quinn, le capitaine du bateau, courageux mais risque-tout.


Et mine de rien, c'est une structure qui fonctionne vraiment bien.



Mon avis personnel :



Ma copine avait déjà vu le film, lorsqu'elle était gamine, et elle m'avait dit "mais il fait pas peur du tout ce film, il est plus marrant qu'autre chose." Et effectivement, j'avoue m'être parfois plusieurs fois marrer, mais parce que Spielberg offre des vrais moments de gags : l'hypocrisie de certains personnages, les réflexions cinglantes, le moment où deux mecs se montrent leurs cicatrices, les ploucs qui font n'importe quoi sur le bateau, etc.... Mine de rien, c'est comique, mais ça permet surtout de rendre les personnages du film assez humain.


Du reste, je n'ai pas du tout trouvé le film si comique que ça, et il ne m'a pas semblé "vieillot." Pour un long métrage qui a bientôt cinquante ans, il reste quand même assez dynamique. Certes, c'est peut-être parce que je ressors du visionnage d'un film vraiment poussif, mais j'ai vraiment accroché à l'ambiance, au rythme du film et au final, je n'ai pas vraiment vu le temps passer.


Alors, certes, il y a des moments sur la fin du film où l'on sent vraiment que le requin est en caoutchouc, que les personnages font un peu de la merde (surtout Quinn) et la fin du film est une sorte de "on tente le tout pour le tout" qui fini presque de manière absurde.


Un mec seul, sur un bateau complètement coulé qui réussi à exploser un requin grâce à un coup de pot pas possible (une bombonne d'air dans la gueule du requin) et tir de flingue quasiment au pif, prooduisant un effet qui n'aurait pas pu se produire dans la vie. Mais bon, l'exagération chez Spielberg, c'est un peu sa marque de fabrique... et beaucoup d'autres feront pire dans les 50 années qui suivent.


Mais sinon, c'est vraiment un bon film. Bon, par contre, je suis pas chaud du tout pour ses suites.

Créée

le 30 oct. 2019

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Mad Dog

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