Quel est le comble du journaliste ? Être à l'article de sa mort.

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L'amour ça Presse ! L'info aussi : comment choisir ?

Ce film adorable recèle plein d'heureuses surprises, pourvu qu'on sache apprécier...

Le générique qui le précède est pourtant aussi tarte que d'habitude, enfin pour l'époque, et si on ne sait pas que ce film est le fruit de la "société Sirius", y compris pour la distribution, c'est que comme elle, on n'est pas l'étoile la plus brillante du ciel après le soleil...

Même chose pour la pub malicieusement cachée dans la réalisation pour les piles Mazda, qui elles à l'époque, s'usaient même si on ne s'en servait pas, contrairement à celles d'un concurrent (Wonder)....

Çà commence donc avec un jeune qui cherche un emploi de secrétaire de rédaction, et qui va le trouver... mais en tant que journaliste à Lyon... Ce qui nous vaut de superbes images à plusieurs reprises d'un tramway lyonnais qui ne ressemble pas, comme les actuels, à un boyau d'intestin, mais lui avec une motrice et remorque des années cinquante, ouvertes à tous vents, du moins les plateformes d'accès, ce qui permettait cette habitude illégale mais couramment pratiquée de monter et descendre en marche,. Parfois même de voyager gratos en échappant à la vigilance mercantile du receveur de la compagnie !

Ce jeune aspirant journaliste n'est autre que Daniel Gélin (1922-2002) qui détient une collection de rôles d'acteurs aussi importante qu'un Bottin mondain, et qui pour une fois s'essaie à la réalisation et à, l'écriture... Même succès avec ses conquêtes féminines : l'acteur d'avant guerre plaisait autant au sexe dit faible, dans les fifteens qu'un Delon dans les sixties et par la suite...

Et assez curieusement, là où d'autres se sont plantés dans un triple saut périlleux pour faire un film, lui excelle à contrario au point que ce film ne sent pas la naphtaline comme beaucoup de ses concurrents de l'immédiat après guerre...

On se demande même pourquoi Gélin ne s'est pas laissé prendre au jeu de la mise en scène comme tant d'autres...

Bien qu'à quatre mains, le scénario concocté par lui-même, Marcel Camus, Michel Audiard (jugez du peu !) d'après un roman de Jacques Robert, ne s'éclate pas en quatre récits mais forme un tout cohérent, fondé sur le thème : la réussite professionnelle dévoreuse de temps est-elle compatible avec une vie maritale non basée sur l'associatif d'habitude et de façade ?

Plusieurs moments du récit semblent démontrer cette quadrature du cercle. Comment notre héros va-t-il résoudre cette quadrature du cercle ?

En outre, la production n'a pas lésiné sur le casting, alors composé de solides carrures dont pas moins de trois sociétaires de la comédie française !

Autre surprise et non des moindres, au début de sa carrière, Gélin cocufie son rédacteur en chef et lui balance son infortune, en présence d'un groupe et lors d'un grave différent : le boss a signé de son nom un de ses articles !

Le spectateur, lui, a même droit à cette scène érotique où Gélin voyant s'avancer vers lui la provocante Joëlle Bernard lui écarte son vêtement laissant apparaître une généreuse et prometteuse paire de seins désormais nus et offertes à la convoitise... Mariée à un acteur et ayant quelques films à son actif, la comédienne peu avare de ses charmes se suicida en 1979 à cinquante et un ans... Le plan montre le culot qu'avait quand même Gélin d'oser tenter l'enregistrement et la diffusion grand public de cette scènes osée : en avance sur son temps ?

Outre les grosses pointures, la distribution est un labyrinthe d'heureuses surprises où s'aventurent des Colette Mars pour le cinquième de ses dix films, mais ici elle n'est pas chanteuse, Roger Vadim, Brigitte Bardot, Judith Magre, Bruno Cremer... Je vous avouerai que comme ils étaient jeunots et ne font que passer, je ne les ai pas reconnus au passage et il faudrait que je revoie le film... Surprise de taille aussi dans les coulisses du journal, un typographe nommé de Funès et qui allait faire la carrière qu'on connaît !

Gélin croyait en son talent et le promouvait tant et si bien que le comique le surnommait "Ma chance..." Pour conclure, et j'ai gardé le meilleur pour la fin, pour ceux qui ne le sauraient pas, Daniel Gélin et Danièle Delorme ne jouent pas ici un rôle de composition et étaient mariés (1946_1954) à l'époque du tournage. Ils auront un fils Xavier, acteur, mort à 53 ans... et si Danièle n'a pas trop à se forcer pour se montrer amoureuse de son mari, Gélin se montre plus froid avec sa légitime : l'année de ce tournage, il tombe amoureux d'un mannequin comme il les affectionne : Marie-Christine Schneider, et la belle aura un enfant, Maria Schneider dont Gélin ne reconnaîtra jamais la paternité réelle... Elle aussi fut comédienne et ne déclinera pas des rôles pourtant sulfureux comme "Dernier Tango à Paris..."

Une énigme toutefois : le chauffeur du rédac-chef (ben ils en avaient de la chance les titulaires du poste à l'époque !) du nom de Jacques Ary et qui ne semble pas être le même comédien que celui qui joue dans "Le cerveau"... Là encore, il faudrait que je revoie le plan...

Tout cela est si dense que les 105 mn du film passent très vite, preuve de l'intérêt que procure ce récit, même si c'est un peu lent à démarrer...

La musique de Paul Misraki se fait discrète comme il seyait à l'époque... Un compositeur de talent ayant travaillé beaucoup avec Ray Ventura et ayant composé le succès resté en mémoires des moins jeunes "Tout va très bien madame la marquise"....

La grande époque du journalisme, pas encore tombée dans les mains des grands groupes...

TV5 Monde le 24.04.2023-

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le 28 mai 2023

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