En juin 1940, après la débâcle, la France connaît un phénomène d’exode : paniquée, la population s’enfuit sur les routes. C’est ce à quoi procède Odile, jeune institutrice aussi belle que stricte en apparence (Mme Emmanuelle Béart), qui mène ses deux enfants à la baguette, alors que son mari est mort. Leur voiture tombe en panne, si bien que la petite famille se retrouve désemparée. Ils font la connaissance d’Yvan, un jeune adolescent, dont les parents viennent d’être tués. Il leur indique une grande demeure cachée dans le bois. Dans un premier temps, Odette refuse catégoriquement ce qu’elle considère comme une violation de domicile ; puis elle en vient à constater qu’elle est bien contrainte d’accepter. Par la suite, de manière aussi impromptue que précaire, cette petite compagnie reconstitue une forme de cellule familiale quasi-incestueuse, en raison de l’attirance réciproque entre Odile et Yvan.
L’urgence et la perte de tous moyens matériels contraint les esprits à s’adapter rapidement, quitte à ce que la situation provoque une confusion des sentiments qui s’entremêlent, à un rythme et dans des conditions de vie non maitrisées. Aussi, me semble-t-il fin qu’il parait réconfortant de lâcher prise, sans trop de risques ni d’amoralité, pour mieux faire face aux épreuves qui s’amoncellent dans un environnement hostile.
L’urgence perpétuelle d’un environnement hostile contraint à une concentration permanente. Par suite, il peut être compréhensible que s’abandonner devienne une envie, comme le désir instinctif de lâcher prise. C’est ce qui arrive à cette jeune institutrice veuve finissant par tomber dans les bras de cet adolescent orphelin, lui-même en mal d’affection. La situation ne reste évidemment pas à recommander, mais rentre dans une zone de tolérance, du fait de circonstances troublés amenant à une désorientation générale. La volonté de comprendre la détresse de l’autre pour mieux y parer, contribue également à ce pardon implicite.
Dramatique et sensible, ce film m’est apparu être mené avec finesse et empathie.

Créée

le 19 juin 2018

Critique lue 651 fois

Critique lue 651 fois

D'autres avis sur Les Égarés

Les Égarés
Zogarok
7

Critique de Les Égarés par Zogarok

En France pendant l'exode de 1940, une institutrice et ses enfants se détachent des cortèges de réfugiés livrés aux balles allemandes. Avec un adolescent sorti de nulle part, ils trouvent rapidement...

le 24 déc. 2015

3 j'aime

Les Égarés
VincentF1
6

Critique de Les Égarés par Vincent Formica

Les égarés, film d'André Téchiné sorti en 2003 nous entraine dans une aventure intimiste sur fond de conflit armée, en l'occurence, la seconde guerre mondiale. Bien que la toile de fond du film soit...

le 11 nov. 2012

3 j'aime

Les Égarés
Motema95
8

ou l'art de la fugue

Il faut aimer Téchiné pour apprécier cette œuvre située dans l'exode de cette année 1940.Tout en ayant beaucoup de mal avec Emmanuelle Beart,il me faut reconnaître que ce thème de la fugue , de la...

le 23 avr. 2015

1 j'aime

Du même critique

Conte d'été
AlexandreKatenidis
9

Un beau tiraillement amoureux

Gaspard, jeune homme ténébreux, arrive à Dinard, pour passer des vacances dans une maison prêtée par un ami, où doit le rejoindre Léna, sa petite amie. Il fait tout de suite la connaissance de...

le 18 juin 2018

7 j'aime

Vivre avec nos morts
AlexandreKatenidis
9

Comment vivre son deuil

Cette ministre du culte retrace son expérience dans l'accompagnement des familles en deuil. Pour cela, elle énonce les questions formulées de manière inéluctable dans ce cas, les blocages et les...

le 15 juil. 2021

6 j'aime

Alias Caracalla : Mémoires, 1940-1943
AlexandreKatenidis
9

Un monarchiste rentré en Résistance - Prix Renaudot 2009

Ce jeune monarchiste maurrassien, apprenti journaliste, est abattu par l'armistice signé par Pétain et rentre en Résistance. L'entrée en matière a de quoi faire frémir. Cet extrêmiste, porté par son...

le 20 sept. 2018

6 j'aime

2