Les Enragés
6.4
Les Enragés

Film de Detlev Buck (2007)

Un film magnifique sur la violence dans les quartiers pauvres de Berlin

Un film magnifique sur la violence dans les quartiers pauvres de Berlin. Le jeune David Kross fait des merveilles dans son rôle d'adolescent contraint de commettre des illégalités pour ne pas se faire tabasser. Un récit fort en émotions, non seulement grâce à son scénario efficace, mais également à sa musique et à son style visuel uniques...

Le film "Knallhart" a été la majorité du temps tourné à Neukölln, dans le quartier pauvre Kreuzberg de Berlin. Le film nous présente un jeune garçon, Michael, contraint d'aller vivre là-bas avec sa mère Myriam, suite à sa séparation vis-à-vis de son riche amant, habitant dans un quartier plus aisé. Michael va alors se retrouver dans une nouvelle école, où les élèves semblent plus être des voyous que des jeunes studieux. Malgré le fait qu'il arrive sans mal à se faire quelques nouveaux amis, il va vite se faire tabasser par une bande d'élèves qui lui réclament de l'argent fréquemment. N'ayant pour autre choix que de satisfaire leur demande, sous peine d'être maltraîté encore plus, Michael va se mettre à voler par-ci par-là et à faire des affaires avec plusieurs personnes, à tel point qu'il va finir membre de la mafia du coin, laquelle le protégera de la bande de voyous, à condition qu'il travaille pour eux. Michael s'exécute, jusqu'au dénouement final, où il se rendra compte, à cause de la tournure que les événements prennent, qu'il est allé trop loin.

C'est un petit chef d'oeuvre sur la violence dans le quotidien que le réalisateur Detlev Buck nous offre là. Lui-même explique le message qu'il voulait faire passer: "Je voulais montrer comment la violence quotidienne peut arriver à des situations où tout ce que l'on peut se dire est: "oh merde !""

Bien que le film est tiré d'un roman, le réalisateur va plus loin que le livre en nous offrant des scènes de violences choquantes, qui nous mettent mal à l'aise. Michael a beau faire des choses illégales, il ne le fait pas par volonté mais parce qu'il y est forcé. Il ne voit pas d'autre moyen pour que la bande le laisse tranquille. On s'attache à ce personnage et on compatis à son malaise. Le jeune David Kross est tout simplement formidable dans ce rôle. Il traduit bien ce que le garçon est: un adolescent peut-être désespéré, mais ayant toute fois du sang-froid et beaucoup de courage, un ado intelligent et conscient de ce qu'il fait.

En plus de cela, de nombreuses scènes sur la relation que tient Michael avec son entourage viennent enrichir l'histoire, comme par exemple celle où, à la sortie d'un métro, Michael aide un homme à porter la poussette contenant ses enfants jusqu'en haut des marches, alors que cet homme n'est autre que Erol, le chef de la bande qui l'avait tabassé avec tant de violence et de méchanceté.

On ne peut résister non plus à l'incroyable dénouement final, où Michael se retrouve devant un dilemme. Cette fois, il n'est plus question de vol d'objets ou de traffic de drogues, mais de meurtre! Il lui faudra choisir son camp...

A ce scénario intelligent viennent se rajouter pas mal d'atouts techniques, à commencer par la photographie de Kolja Brandt, une photographie dont les tons de couleurs tournent autour du gris. Ainsi, plusieurs lieux de Berlin – parmi lesquels Neukölln, la Flaktum d'Humboldthain ou encore les métros – nous sont présentés sous un autre regard, celui de la violence. Ces images de Berlin prennent une dimension plus sombre, tout en instaurant des sentiments tels la peur, le pessimise, la sensation de danger ou encore le malaise. Ces images d'excellente qualité nous plongent ainsi donc mieux dans ce récit sombre et violent, le tout accompagné par une musique lente et grave, tout aussi fabuleuse, de Bert Wrede. Par moments, des allures de rock prennent place dans le film, venant apporter de l'action là où il n'y en a pas toujours. Cela a pour effet d'encore plus nous scotcher à l'écran et de savourer ces 1 heure 35 minutes – malheureusement trop courtes – de film. Il est évident que Detlev Buck aurait encore plus insister sur la violence, mais ce n'est pas un défaut que je lui reproche. Le film tel qu'il est parvient sans aucun mal à faire passer son message anti-violence. Chapeau!
Ciné-Look
8
Écrit par

Créée

le 8 mai 2014

Critique lue 374 fois

1 j'aime

Ciné-Look

Écrit par

Critique lue 374 fois

1

D'autres avis sur Les Enragés

Les Enragés
FRANCKMALCOV-118
5

Trop de violence

J’estime avoir perdu mon temps à regarder ce film, non pas qu'il soit pourri au niveau réalisation, mais la violence est trop souvent là et la fin est pire que tout.Ok, j'étais prévenu ! La fin...

le 28 mai 2019

Les Enragés
YgorParizel
8

Critique de Les Enragés par Ygor Parizel

Un drame très urbain car il nous plonge dans la vie des quartiers "chauds" de Berlin. Misère sociale qui mène a la délinquance pour finir dans la criminalité. Ce film fait pensé a Mean Streets ou a...

le 9 avr. 2013

Du même critique

La Maison de cire
Ciné-Look
7

Malgré ses défauts, "La Maison de Cire" est un objet de jouissance purement morbide et horrifique.

Même si les personnages et les dialogues n'ont pas grand chose d'attachant, et si le film s'inscrit dans la catégorie peu novatrice des slasher movies, "La Maison de Cire" est un objet de jouissance...

le 2 juil. 2013

16 j'aime

1

Automata
Ciné-Look
6

Un film intéressant sur l'évolution de l'intelligence robotique mais dispersif et manquant d'enjeux

Dans la lignée de grands classiques tels que "Blade Runner" et "Terminator", l'auteur-réalisateur Gabe Ibáñez nous propose sa version de l'intelligence robotique devenant supérieure à celle des...

le 2 nov. 2014

13 j'aime

Alien (OST)
Ciné-Look
10

Critique de Alien (OST) par Ciné-Look

Il existe deux versions de la bande originale d'Alien: celle utilisée dans le film et celle de l'album. En effet, Jerry Goldsmith avait composé de beaux thèmes musicaux pour le film, décrivant...

le 20 juil. 2014

7 j'aime

1