Et moi, qu'aurais-je fait ? C'est par cette interrogation que Claude Ventura clôt magistralement son documentaire, et cette question-là, je me la suis posée je ne sais combien de fois. Elle revient comme un leitmotiv lancinant, prête à saper mes certitudes les plus tenaces. Je me suis toujours demandé ce que j'aurais fait, moi, au cours de cette période sombre de notre histoire, et bien évidemment, je n'ai pas de réponse. C'est aussi la raison pour laquelle je reste fasciné par ces années de guerre que je n'ai pas vécues, parce qu'elles nous forcent à nous interroger sur le sens de nos engagements, à mieux comprendre nos motivations, et à bien y penser, la trajectoire d'un destin tient parfois à si peu de choses.....


Tenez, le destin de ces jeunes lycéens donnent finalement une image assez exacte de ce que fut la France à cette époque, en 1940. Collabos, résistants, miliciens, pétainistes, tous ont choisi leur voie. Charles Ventura réussit à distiller une émotion particulièrement vivace en exhumant de vieux souvenirs et en faisant parler lettres, journaux intimes et photos d'époque. C'est émouvant et poignant, témoin cette annotation cinglante, figurant dans un des bulletins scolaires d'un jeune lycéen : on peut y lire, juste à côté des notes, et des moyennes correspondant aux différentes matières, dans une petite case réservée aux observations, cette remarque, laconique et glaçante, d'un de ses professeurs : fusillé par les Allemands.
Ainsi va la vie à cette époque, et le destin prend souvent une tournure tragique. Comme celui de Karl Schönhaar, fils d'un député allemand assassiné en 1934 par la Gestapo. Ce jeune allemand, fuyant son pays, s'engagera dans la Résistance Française, et sera fusillé à 17 ans en avril 42, pour avoir essayé de poser une bombe à la salle Wagram, où se tenait une exposition antibolchevique.


Et puis, il y a cette amitié improbable, presque impensable, entre Pierre Vignolet, résistant et Jacques Frantz, enrôlé dans la Waffen SS pour combattre le Bolchevisme, et qui finira dans la Division Charlemagne en arpentant les ruines de Berlin en avril 1945, n'ayant plus d'autre choix que de défendre un bunker aux abois.
Deux combats que tout oppose, pour une amitié indéfectible.
Non, décidément, rien n'était vraiment simple à cette époque.

Qhermite
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le 8 oct. 2021

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