On l'a connu pour ses petites pastilles d'une minute sur Canal + où seul dans le champ, il incarnait des personnages aussi hautains qu’extravagants, à ceci près que ce furent bien souvent des femmes. Et parce qu'une fois n'est pas coutume, le comédien fait de sa pièce Les Garçons et Guillaume à Table un film. L'histoire d'un enfant qui se murmure qu'il est une fille au travers du regard des autres et se contemple à travers le prisme de sa mère. Ainsi nous est contée la vie de Guillaume Gallienne, qui n'est jamais aussi touchant que lorsqu'il fait sa déclaration d'amour aux femmes, toutes les femmes, tel Julio Iglesias. Mais c’est surtout celle qu’il fait à sa mère qui est la plus probante ici, c’est d’ailleurs lui-même qui interprète le rôle de sa génitrice. Une interprétation édifiante...

Pour certains, l’exercice d’acteur-réalisateur relève du défi. Pour lui, c’est du gâteau. Voilà pourquoi pour son tout premier film, Guillaume Galienne évite soigneusement le piège du biopic mélo qui aurait plus tenu de l'itinéraire d'un enfant pédé qu’autre chose – sans mauvais jeux de mots… Il choisit plutôt d'emmener son spectateur dans une histoire au ton décalé sans jamais perdre de vue l'élément moral qui point au bout. Pour cela, il sait filmer la différence sans jamais sombrer dans la facilité de filmer la solitude qui lui est souvent associée. On oscille ainsi tranquillement entre l'émouvant tourment psychologique du personnage et l'humour intrépide du bonhomme, dont on a vite fait de s'attacher tant il est bourré de tendresse et de sympathie.

Mais au-delà de l’émotion suscitée par son récit, Guillaume sait aussi faire rire une salle de cinéma comme personne. Je ne vous parle pas ici du rire façon pop-corn movie, pas non plus du rire hilare et sans retenue façon tarte à la crème. Non, je vous parle ici d'un rire honnête et authentique, car M. Galienne sait à la fois rire et faire rire de lui sans gêne aucun, avec une sorte de complicité entre le public et lui. Cela tient sûrement à la stupéfiante légèreté de sa mise en scène. Mais c'est probablement aussi grâce à l'interprétation du comédien, dont le talent n'a d'égal que sa somptueuse chevelure bouclée...

Il a trouvé ce ton parfait, comme celui de son personnage, à demi entre l'aigu et le grave, le doux et le viril, perdu entre homo et hétéro, fille ou garçon. Une chose est sûre, Guillaume a trouvé en la comédie le parfait moyen de parler de la différence et du regard des autres, et son talent, qu'il soit d'un bord ou d'un autre, est incontestable.

Gardons-le longtemps.
Maître-Kangourou
7

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Créée

le 27 nov. 2013

Modifiée

le 27 nov. 2013

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