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J’ai longtemps pensé que A Nightmare On Elm Street était clairement dans mon podium de mes films d’horreurs préférés et même, un de mes films préférés. Ce film a été dans ma jeunesse une révélation. J’étais dans ma période débile du genre « trop cool, j’ai douze ans, je peux mater des films d’horreurs », et Freddy était à mes yeux le classique qu’il fallait que je voie. Avant mon premier visionnage à douze ans, on m’avait dit qu’il s’agissait là d’un film terrifiant et rien qu’écouter la musique, ça me faisait peur.
Et comme je l’ai dit, A Nightmare On Elm Street était pour moi une révélation. Pour moi, aucun film d’horreur n’arrivait à offrir cette ambiance sombre et torturée où tout peut arriver. Le personnage de Freddy représentait à mes yeux l’incarnation du mal absolu. Il a le visage brûlé, il joue avec ses victimes et la façon dont il était filmé relevait du génie.
En bref, ce film était à mes yeux un chef d’œuvre absolu que j’ai dû voir une bonne dizaine de fois et je lui aurais mis volontiers dix si je ne l’avais pas revu ce terrible vendredi six octobre 2017.
Que s’est-il passé ? Pourquoi cet amour inconditionnel pour ce film s’est transformé en léger ennui. Pourquoi je ne tremblais plus devant l’entrée en scène de Freddy lorsqu’il étire ses bras ? Pourquoi je m’énervais sur les défauts du film alors que jusque-là, je me contentais de les ignorer pour rester impliquer dans le film ? Pourquoi je n’ai plus rien ressenti devant ce que j’ai longtemps considéré comme étant un des meilleurs films de tous les temps ?
Peut-être que je suis devenu maniaque. Et que voir les faux raccords, les incohérences, ça m’a carrément fait sortir du film. Je ne sais pas. Pourtant, je lui trouve encore de (très) nombreuses qualités. Mais je préfère parler des défauts d’abord pour garder une note positive pour la fin de ma critique.
Tout d’abord, il est important de le dire, le film a vieilli. Moi qui ai toujours pensé qu’il serait intemporel, j’ai trouvé que certains aspects du film rendaient le tout très risible. Les adolescents n’ont pas vraiment de personnalité. A part le personnage de Nancy, les autres passent à la trappe. Nancy est forte et courageuse, mais on ne sait rien de Glen, son petit ami incarné par Johnny Depp. Pareil pour Tina, on ne sait rien d’elle, quant à Rod, c’est le cliché sur patte du rebelle cool qui fait de la musique et qui vend de la drogue. Il arrive aux acteurs de se surpasser (comme celle qui incarne Tina dans cette magnifique introduction), mais certains comme Rod n’arrivent pas à jouer l’angoisse et Johnny Depp à l’air d’en avoir rien à foutre tout le long du film. Quant à Heather Langenkamp, elle est parfois très convaincante, parfois très mauvaise (quand elle s’énerve sur sa mère).
Il y aussi la musique, que j’ai trouvé à certains moments très mauvaise. Le thème principal est très bon, ces longues notes stridentes donnent un style très surnaturel et c’est très bien. Mais les autres thèmes sont peu convaincants, comme celui qui revient souvent lors des scènes de poursuites qui me fait penser à de la tectonique (ce qui n’est pas très désirable).
Le film a pas mal de faux-raccords, des bruitages parfois ridicules et plusieurs incohérences. Je suis prêt à pardonner pour les bruitages et les faux-raccords quand on voit le budget minime du film et ce qu’a réussi à faire Wes Craven avec ce pognon (j’y reviendrai). Mais concernant les incohérences, c’est quand même assez ridicule. Comment une prof peut laisser une élève partir quand celle-ci vient d’avoir une crise en pleine classe par exemple ? Enfin bref.
Mais il n’empêche, ce film a des qualités indéniables. La mise en scène par exemple. Si on oublie les faux-raccords, Wes Craven fait preuve d’inventivité pour offrir des effets de mise en scènes tout bonnement incroyables. Le fait que la plupart des scènes ont lieu dans les rêves, le film peut se permettre des moments surnaturels assez dingues. Le plus dingue est à mes yeux lorsque le corps de Tina est traîné dans les couloirs du lycée par…rien. Ou encore les bras de Freddy qui s’allongent, son visage arraché laissant voir un crâne de squelette. Et puis il y a la mort de Tina. Scène aussi iconique qu’incroyable. Craven a en fait construit une salle que l’on pouvait tourner dans tout le sens. Tout comme Inception vingt-cinq ans plus tard (bon, Fred Astaire avait déjà usé de cet effet des décennies auparavant), cet effet de mise en scène est bluffant et on ressent tout la tension. Et rien que pour cette scène, il faut voir le film (avec la mort de Johnny Depp, je sais toujours pas comment ils ont réussi à faire ça).
Ce que j’aime aussi, c’est comment Craven film Robert Englund en Freddy. Il est tout bonnement terrifiant. A commencer par le maquillage impeccable, on a vraiment l’impression que Freddy s’est fait cramer. Mais c’est surtout le jeu de lumière et d’ombre qui rend le personnage terrifiant. Freddy est souvent représenté par des ombres, et lorsqu’on voit son visage, ses blessures sont souvent dissimulées par des ombres. En bref, jamais on ne distingue parfaitement son visage et le peu qu’on voit est déjà assez crade. Robert Englund quant à lui est excellent et s’éclate en croque-mitaine psychopathe qui joue avec ses victimes. L’objectif, c’est de les faire flipper un max pour mieux s’amuser.
Et le film apport des messages assez intéressants. Le fait que les parents soient à l’origine du mal que fait Freddy rend le film très intéressant. Persuadés de protéger leurs enfants (en les séquestrant chez eux), les parents condamnent en fait leurs enfants à une mort certaine. Laissez vos enfants respirer, les surprotéger ne les rendra pas plus en sécurité, au contraire. D’une certaine manière, c’est assez logique.
Enfin bref, ce dernier visionnage d’A Nightmare On Elm Street m’a pas mal refroidi. Moi qui ait pourtant été un immense fan de ce film, je me suis finalement ennuyé à pas mal de reprises. Il y a pourtant des scènes iconiques et le film regorge d’idées de mise en scène réussies. N’empêche, ça reste un classique du cinéma d’horreur.

Créée

le 7 oct. 2017

Critique lue 382 fois

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James-Betaman

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