"Je peux te promettre de faire attention, mais je ne peux pas te promettre de guérir"

Au cours de ce film, nous découvrons le quotidien de Damien, artiste peintre atteint de bipolarité, ainsi que de sa femme Leïla et de leur fils Amine.


Pour bien comprendre, le trouble bipolaire se caractérise par une alternance "d'épisodes maniaques ou hypomaniaques (agitation, élévation de l’humeur, idées de grandeur) et des épisodes dépressifs avec des moments de rémission" (Haute Autorité de Santé, 2015 - https://www.has-sante.fr/jcms/c_2560925/fr/troubles-bipolaires-diagnostiquer-plus-tot-pour-reduire-le-risque-suicidaire).


En effet, au cours du film, nous comprenons que Damien, interprété par Damien Bonnard, a arrêté son traitement à base de lithium, qui lui permet de limiter les effets de la maladie. Lorsqu'il prend ce traitement, il exprime avoir l'impression de ne plus être libre et maître de lui-même.


Bien que les deux phases soient présentes dans le film, nous observons majoritairement la phase maniaque et ses conséquences. Tout ce que fait Damien paraît insensé pour le spectateur.

En effet, il présente une euphorie et une hyperactivité débordantes, en voulant notamment s'engager dans de multiples activités qu'il ne termine pas toujours, jusqu'à ne pas en dormir de la nuit. Damien n'a alors plus de conscience du danger. Il semble se sentir persécuté de la part de ceux qui l'entourent. Ainsi, il veut prouver qu'il est comme tout le monde et qu'il est capable.

Toutes ses idées à la minute sont notamment illustrées par une logorrhée (rapidité de la parole), ainsi qu'une manière de peindre que l'on peut qualifier d'"agressive".

La présence de la peinture au sein de ce film est intéressante, puisque c'est une passion qui sert de médiation à Damien, en lui permettant de cadrer sa pensée et d'exprimer ses émotions. On comprend que c'est un besoin fondamental dans sa vie.


Bien entendu, la famille représente l'un des points centraux du film. Nous ressentons que Leïla, interprétée par Leïla Bekhti, est épuisée et ne sait plus comment aider son mari, bien qu'elle tente de mener une vie de famille ordinaire. Elle fait face au sentiment de honte, au regard des autres, qui sont des poids lourds à porter au quotidien. Elle en veut à son mari de ne pas prendre son traitement qui permettrait de limiter les conséquences de la maladie.

Bien qu'elle l'aime, la détresse est telle qu'elle n'arrive plus à se battre et passe par des choix difficiles pour se protéger elle et son fils. Amine est alors dés son plus jeune âgé confronté aux crises entre ses parents, et à la maladie de son père qu'il ne comprend pas trop finalement. Après tout, ça reste son papa.


Ainsi, nous remarquons un manque d'accompagnement, de soutien et d'écoute de la part de l'hôpital envers Damien ET envers sa famille proche.

D'une certaine manière, ce film rend hommage aux proches de personnes atteintes de maladies chroniques. En effet, eux aussi ont besoin de soutien, pour continuer à accompagner leur proche au quotidien plus sereinement.


Les différentes scènes représentatives de la maladies, sont contrastées avec certaines scènes calmes, belles, sans paroles, qui nous permettent de ressentir l'amour présent au sein de la famille, malgré les conséquences de la maladie dans leur quotidien. Nous retrouvons notamment des scènes de danse que l'on peut comparer à des moments de répit, où les pensées et les problèmes s'envolent le temps d'un instant.


La fin est marquée par "je ne peux pas te promettre de guérir". Le film ne propose pas de solution, de fin heureuse ou dramatique. Mais nous comprenons que l'histoire ne s'arrête jamais, et que la maladie est un long parcours semé d'embuches.


On ne peut pas guérir d'une maladie, mais on peut trouver trouver des moyens pour se rétablir et faire face lors des moments de crise. Cela peut notamment être illustré par le Centre ressource réhabilitation : "le rétablissement ne fait pas référence à une guérison clinique ou à une disparition des symptômes mais à une possibilité de redonner un sens à sa vie à travers des activités et un mode de vie satisfaisant pour la personne" (source : https://centre-ressource-rehabilitation.org/-retablissement-)

Au cours de ce film, nous comprenons que Damien et sa famille n'ont pas encore les clés pour se préparer aux moments de crise. Mais ce que l'on sait, c'est que pour Damien, la famille et la peinture sont deux principales raisons qui donnent un sens à sa vie et qui l'aident à se rétablir.


Ainsi, ce film ne correspond pas à une réalité absolue, mais il sensibilise en proposant certaines facettes de ce que peuvent vivre les personnes atteintes de cette maladie, ainsi que l'impact que celle-ci peut avoir sur les proches, et ça, peu importe le niveau de vie. Et finalement, la beauté du cadre sudiste fait du bien et contraste avec la tristesse de l'histoire.

MlleFlyyy
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le 25 mars 2023

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Mlle Flyyy

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