Quel dommage d’avoir opté pour la mauvaise idée mode Téléfilm France 3 du lundi soir de cinéma offensif mais qui ne dépasse pourtant jamais les limites du balisage. A commencer par le choix de situer le film comme le souvenir d’une vieille femme en 2067, mon dieu quelle horreur ! Faut pas faire ce genre de chose, c’est juste impardonnable quoi ! Bref dès que l’on s’affranchit des règles du travail de mémoire (lorsque la voix off disparaît) le film devient déjà plus intéressant. Goupil choisit alors de filmer des enfants, d’abord dans leurs quatre cents coups quotidiens mêlant son enfance à lui – à nous – (Cabane loin des parents, triche en tout genre, maison de campagne pour les vacances) et celle du XXIe siècle (technologie à la pointe, melting-pot social, peur de la police) puis dans un contexte beaucoup plus politique avec la question des sans-papiers. Melina est une jeune tchétchène non-régularisée et pour éviter son exclusion une mère de famille (la mère d’un de ses copains) la fait entrer provisoirement dans sa famille. Goupil filme donc ce conte dramatique à hauteur d’enfants, à tel point qu’il coupe à de nombreuses reprises les bustes des parents, bien trop grands. C’est dans l’avachissement de ceux-ci – alors qu’ils occupent donc tout le plan – souvent cueillis dans la résignation, que l’on voit la principale qualité du film. Il n’y a que les enfants qui en ont vraiment ici. Tedeschi et Girardot ont beau cabotiner, ils n’y feront rien, ce sont des parents, au mieux ils sont montrés comme résignés, au pire ils ne comprennent rien. A l’image de cette scène où la jeune Milana n’ose pas se changer parce que la porte ne ferme pas, même ça il faut l’expliquer aux parents, pas étonnants qu’ils s’unissent cavaliers seuls par la suite, sans prévenir personne. De toute façon, ce sont bien les enfants que l’on cherche. Je les ai presque tous trouvés très bons. J’ai beaucoup pensé à Pascal Thomas et à Mercredi folle journée, je trouve les visages d’enfants aussi radieux, aussi vrais dans leurs textes, aussi lourds de pensées gardées très bien montrés dans ces deux films. ‘On est tous des Milana’, diront-ils un moment donné, et ils feront aux aussi leur résistance, dans le domaine du possible bien entendu. Et comme les adultes ils devront eux aussi, un instant ou un autre, rendre les armes… Une fois de plus, dommage qu’en terme d’écriture et de mise en scène ce soit si moyen, car émotionnellement c’est plutôt réussi.
JanosValuska
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le 10 oct. 2014

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JanosValuska

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