Vu en 2020 avant les Césars, mieux vaut tard...


La sensation de voir un court-métrage où s'esquisse un drame entre des personnages croqués à vif et puis le récit rebondit, prend son envol, pas celui des drônes ces aigles qui chassent leurs proies, la vérité.


Dans la Haine Kassovitz dressait le portrait d'individualités archétypales , de jeunes hommes dont le drame était de perdre leurs illusions, Ly privilégie la fresque collective de la prime adolescence au dessus de laquelle plane l'ombre de Gavroche . Et celle de la bande d'ados de la saison 4 de The Wire. Ils sont la génération qui peut basculer des deux côtés. Celle que Nous pouvons encore sauver.
Prendront-ils exemple sur ces mâles se disputant le glorieux trône du Roi de Montfermeil, Le Maire, la Pince, Issa, Chris, Stéphane .... ?
Les frères musulmans donnent l'impression d'avoir gagné en effectuant ce à quoi les autres ne parviennent plus ( les mères, les mâles, l'école de la vie scolaire si absente ici pour dire que tout n'est pas perdu....), éduquer ces jeunes. ( et après ? )
Garder les lionceaux en cage n'en fera pas des hommes montre Ladj Ly, et si les chiens aboient beaucoup dans son film, le Lion lui règne silencieux, caïd voyou transformé en guide spirituel.


Tel est l'état de ces banlieues abandonnées de la République où les policiers de la Bac, dépassés, ne parviennent plus à incarner une autre Loi que celle de la Jungle. Ils ont été contaminés, bouffés
par elle et ils ont dû faire alliance avec la racaille pour avoir le droit d'y jouer les shériffs. Far west Montfermeil. Si loin et si proche... Tellement vaste terrain de jeu, et de chasse. Territoire à reconquérir.
Le marché et sa querelle de délimitations est terriblement symbolique de ce qui se joue là-bas et que nul veut voir... tandis que revient cette chanson lancinante... La rue qu'est à nous des gosses... Mais que deviendront-ils ?.... plutôt que ce facile air du temps Il est tombé par terre c'est la faute à... il a touché le fond c'est la faute à ...Macron ? ! " ^^ Ly, en nous invitant à prendre de la hauteur porte son film au dessus de ces médiocres débats.


PS: la relégation des femmes en arrière-plan est troublante , reflet de la réalité et d'une vision patriarcale de Ly chef de gang cinéma .

PhyleasFogg
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le 24 févr. 2020

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