O RE O ! O RE O ! O RE O!

Les Mondes de Ralph, film de geeks par excellence après Scott Pilgrim, oscille entre deux regards différents qui se confondent parfois. On se demande si on peut vraiment le voir à un premier degré typiquement Disney, avec des pici caca rots Ralph je t'aime j'ai une voix insupportable mais le méchant veut mettre un terme à notre relation de gentils, ou s'il s'adresse directement à notre génération de grands dadais, qui rêvent de voir des Oreos garder un chateau en sucre et un clone de Mario cohabiter avec un Q-Bert pendant que Bowser boit ses verres avec Zangief.

Les Mondes de Ralph, c'est Toy Story 3. Les références à ce qui nous a charmé prolifèrent, certaines références presque cyniques ; Skrillex apparaît ! Une IA de FPS se cogne contre les murs avec un balai dans le cul ! Le méchant a des bugs de textures et le jeu prend les joueurs pour des cons ! Mais le ton général, pour ceux qui s'attendaient à voir Ralph passer de Mario à Minecraft en passant par Metroid, est traité avec la naïveté typique Disney. Si beaucoup d'œuvres ont leurs vrais noms et que les personnages ne sont pas cachés, certaines références sentent le repompage très facile ; Hero's Duty cumule tous les clichés desquels on pourrait accuser le FPS, surtout avec son écran HD et son guidage, on se croirait sur une attraction du Futuroscope. C'est dommage, parce que le second degré (si on peut en parler) aurait pu être exploité jusqu'au bout et se réserver à notre public adulte, comme l'avait fait Toy Story 3. Parce que si ce dernier est visible facilement par des jeunes, Les Mondes de Ralph est clairement trop haut perché ; allez expliquer l'IA qui se cogne contre les murs, ou même les passages à travers la map à un enfant qui ne regarde que Shrek d'habitude (je ne parle pas du 2 bien sûr).

Au fond, on regrette vite que son idée générale ne nous touche que dans le fond. Car le film tourne vite dans un seul jeu imaginaire : Sugar Rush, qui ne cumule pas tous les aspects des jeux connus. Si Fix-it Felix et Hero's Duty viennent compléter cette fresque et donner un aperçu global, ce qu'on s'attendait à voir n'apparaît que par des cameos, des références un peu incongrues, qui ne sont saisissables que d'un seul œil.

C'est aussi ça qui fait son charme, et ce pour quoi j'hésite à le placer dans ma liste " Moi, j'éduquerai bien mes gosses ! " ; il n'apprend rien, il n'est pas une histoire des jeux vidéos, ou alors une histoire comme en raffolerait France 2 (leurs reportages sur le film sont d'ailleurs assez drôles), mais il fait plaisir et crée des rires comme rarement. Disney devient drôle. Disney se dote du meilleur générique de la Création et nous interroge sur les substances illicites que les producteurs ont du fumer. Disney devient bon pour nous, et ça, c'est pas si mal.