C'est un film très bien fait. On passe un bon moment, notamment grâce à Mitchum qui incarne formidablement la force tranquille du mal.
Mais, car j'y mets un « mais », je n'avais pas bien compris la motivation de ce personnage nuisible ; il n'avait pas l'air d'un exalté. Et je n'ai pas connaissance d'un témoin de bonne foi tué par un coupable bien après la condamnation, sauf en cas de trahison entre méchants. En général, s'il y a meurtre de témoin, c'est avant son témoignage au procès.
Mais bon, fi de ces détails, ce film à la « Hitchcock » passe très bien car il est bien mené, bien photographié, bien monté, etc.
Mais voilà que, bien des années après mon premier visionnage, je trouve, dans une biographie de Mitchum (par Françoi Guérif) le texte suivant à propos du projet basé sur la nouvelle Un monstre à abattre* (The executioners) de John D. MacDonald (1958) :
« Peck doit interpréter un avocat dont la famille est terrorisée par un de ses anciens clients, qu'il a laissé volontairement condamner à six ans de bagne pour viol, tant sa personnalité le révulsait. L'histoire est particulièrement ambiguë : le « héros » s'est substitué à la justice en laissant envoyer au bagne quelqu'un qu'il jugeait coupable, mais qui était innocent du crime dont il était accusé. »
Alors là oui, je comprendrais mieux. Le « bon » a commis une énorme faute de déontologie et simplement de morale envers un sale type (car c'est quand même un sale type) qui se trouve, à cause de son propre avocat, victime d'une erreur judiciaire. Et le sale type, sûr de son bon droit moral, sinon légal, ne peut pas ne pas se venger.
Commentaire désabusé de Mitchum : « L'histoire a été aspirée dans un trou, vous savez, passée à la moulinette hollywoodienne ; il « devait » y avoir un méchant et un héros. Ils ont donc fait un héros d'un avocat marron qui avait commis Dieu sait combien de crimes insignifiants. »
Ce film, déjà bon, mais un peu convenu, aurait pu être un grand film !
*Réédition en 1992 sous le titre Les Nerfs à vif (Cape Fear)